Journaliste précoce et talentueux, originaire d’Afghanistan et réfugié en France, Mortaza Behboudi s’était rendu dans son pays natal le 5 janvier pour un reportage. Deux jours plus tard, alors qu’il s’apprêtait à aller récupérer son accréditation de presse, le jeune homme de 29 ans était arrêté et disparaissait. Reporters sans frontières (RSF), ONG de défense de la presse, et quatorze médias avaient appelé à sa libération en février : «Nous appelons le régime des talibans à mettre un terme à cette situation insensée.»
Le 9 juillet, alors qu’un compteur installé sur la Mairie de Paris venait de marquer les six mois de sa détention, les talibans avaient officiellement reconnu détenir le reporter dans une geôle de Kaboul. Dans une interview exclusive donnée à France Télévisions, leur porte-parole, Zabihullah Mujahid, précisait alors que le reporter n’avait pas été arrêté pour espionnage mais pour ses liens supposés avec des opposants, en particulier des individus du Panchir, une vallée située au nord de Kaboul. «Il a effectivement été arrêté, pas en tant que journaliste […], mais parce qu’il a des relations directes avec des opposants à notre régime», assurait le porte-parole. Précisant : «L’enquête se poursuit. Il pourrait être présenté à la justice qui décidera de son cas. […] Tout sera fait selon la loi. Si la confusion est levée, cela pourrait aller vite […] Il ne devrait pas être condamné à plus de quelques mois de prison.»
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La détention du journaliste franco-afghan a entraîné un immense élan de solidarité à Douarnenez, port de pêche du Finistère qu’il a choisi comme ville d’adoption depuis son exil forcé en France en 2015. Discret et chaleureux, Mortaza Behboudi collabore pour Libération et de nombreux médias français, comme Mediapart, la Croix, Radio France, Arte et TV5 Monde et son immense professionnalisme dans l’exercice de son métier de journaliste est reconnu par tous. En octobre, on l’avait vu sur scène au prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre. Il venait de recevoir aux côtés de Dorothée Olliéric et Nicolas Auer le Prix des lycéens et des apprentis pour un reportage réalisé en Afghanistan pour France Télévisions, et avait partagé sa passion pour le journalisme avec le public et les jeunes de la région. On est en droit d’espérer l’y revoir lors de la prochaine édition, cet automne.