La Tunisie s’apprête à tourner la page de sa deuxième République, héritée de la révolution de 2011. Une nouvelle Constitution doit être soumise au vote par référendum lundi. Le texte consacre la présidentialisation du régime de Kaïs Saïed et représente un bouleversement complet de l’organisation de l’Etat tunisien. Vincent Geisser, chargé de recherches au CNRS et spécialiste de la Tunisie, analyse les principaux enjeux.
Que dit ce référendum du processus démocratique en Tunisie, considérée comme un pays ayant réussi sa transition politique post-printemps arabe ?
Ce moment référendaire s’inscrit dans une évolution autocratique de la Tunisie. Paradoxalement, le tournant autoritaire se réclame de la révolution de 2011. En ce sens, il ne s’agit pas d’un retour en arrière dictatorial mais plutôt d’un nouvel autoritarisme. La nouvelle Constitution consacre la concentration des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire entre les mains du président Kaïs Saïed. Il s’érige en homme providentiel dont c’est le destin de défendre les intérêts du peuple, dans un moment où ce dernier est désil