Une énième salve de menaces et un dialogue inédit depuis dix-huit ans. Donald Trump a lancé mercredi 5 mars au soir un «dernier avertissement» au Hamas, l’enjoignant de libérer les otages, sans quoi le «peuple de Gaza» risque «la mort», le jour même où Washington a confirmé avoir eu des contacts directs avec le mouvement islamiste palestinien.
«Au peuple de Gaza : un bel avenir vous attend, mais pas si vous gardez des otages. Si vous le faites, vous êtes MORTS ! Prenez une BONNE décision», a menacé le président américain dans un message sur son réseau Truth Social. Il a encore dit envoyer «à Israël tout ce dont il a besoin pour finir le travail» à Gaza, soulignant qu’«aucun membre du Hamas ne sera en sécurité si vous ne faites pas ce que je dis», à l’heure où la trêve dans la bande de Gaza semble menacée. «C’est maintenant qu’il faut quitter Gaza, tant que vous pouvez encore le faire», a-t-il ajouté à l’adresse des chefs du mouvement islamiste palestinien.
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a assuré que le milliardaire républicain ne plaisantait pas. «Il ne dit pas ce genre de choses s’il ne les pense pas, comme les gens peuvent le voir à travers le monde. S’il dit qu’il va faire quelque chose, il va le faire», a-t-il déclaré sur Fox News. «Donc ils feraient bien de le prendre au sérieux», a-t-il ajouté à l’intention du Hamas.
Le mouvement islamiste a réagi ce jeudi matin, affirmant que les menaces de Trump étaient un soutien à Nétanyahou et à sa volonté de se retirer du cessez-le-feu à Gaza. Dans un message envoyé à l’agence Reuters, le porte-parole du Hamas, Abdel-Latif al-Qanoua, a également déclaré : «La meilleure façon de libérer les prisonniers israéliens restants est de faire passer l’occupation à la deuxième phase et de l’obliger à adhérer à l’accord signé sous l’égide des médiateurs.»
Si la situation semble crispée, des sources égyptiennes ont tout de même déclaré ce jeudi qu’un envoyé de Trump s’était entretenu avec des dirigeants du Hamas, des médiateurs égyptiens et qataris dans la nuit. Des discussions qui se seraient terminées de manière positive, toujours selon ces mêmes sources, laissant présager une transition proche vers la deuxième phase d’un cessez-le-feu.
Décryptage
Les menaces du président américain, qui a rencontré mercredi huit otages libérés de Gaza, surviennent le jour où les Etats-Unis, ainsi que le Hamas, ont confirmé avoir eu des contacts directs. Ces consultations, sans précédent, rompent avec une politique de longue date qui veut que les Etats-Unis n’aient pas de pourparlers directs avec des groupes qu’ils considèrent comme terroristes, ce qui est le cas du Hamas depuis 1997.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a confirmé que l’envoyé spécial américain pour les otages, Adam Boehler, était «engagé dans ces négociations, [et] a l’autorité de parler à n’importe qui». Elle s’est refusée à livrer des détails, arguant que «des vies américaines étaient en jeu», mais a assuré qu’Israël avait été «consulté», ce qu’a ensuite confirmé le bureau du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou. Pour sa part, un responsable du Hamas a évoqué à l’AFP, sous le sceau de l’anonymat, «deux rencontres directes entre le Hamas et des responsables américains ces derniers jours à Doha».
Encore 24 otages présumés vivants
Entretemps, le nouveau chef d’état-major israélien, Eyal Zamir, a affirmé mercredi que la mission de vaincre le Hamas à Gaza n’était «pas encore terminée». «Le Hamas a subi un coup dur, mais il n’est pas encore vaincu», a affirmé le lieutenant-général Zamir, tandis que Benyamin Nétanyahou s’est dit «déterminé à [remporter] la victoire».
Sur les 251 personnes enlevées le 7-octobre, 58 sont encore détenues à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne. Il reste cinq otages américains détenus à Gaza, dont quatre sont confirmés morts et un serait vivant.
Israël a annoncé dimanche suspendre l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, un blocus dénoncé mercredi soir à l’ONU par la France et quatre autres pays, qui l’ont exhorté à permettre l’entrée «inconditionnelle et massive de l’aide humanitaire», un point qui «n’est pas négociable».
Mis à jour à 10 heures avec la réaction du Hamas ; à 11 h 48 avec les déclarations des sources égyptiennes sur les discussions positives menées dans la nuit.