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Proche-Orient

Stéphane Séjourné au Liban pour tenter de faire retomber les tensions entre le Hezbollah et Israël

Guerre au Proche-Orientdossier
Le ministre français des Affaires étrangères entame ce dimanche une tournée au Proche-Orient par une visite au Liban pour essayer une nouvelle fois de faire pression pour éviter un embrasement régional généralisé.
Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, lors d'une rencontre avec le président du Parlement libanais, Nabih Berri, à Beyrouth le 28 avril 2024. (AFP)
publié le 28 avril 2024 à 14h02

Quatre mois après avoir soumis au Liban une initiative pour désamorcer le conflit à la frontière avec Israël, Paris ne peut que constater que la situation ne s’est pas apaisée, bien au contraire. Depuis les 13 et 14 avril, le volume d’échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah a même été «multiplié par deux», selon une source diplomatique française. C’est dans ce contexte que le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, est arrivé samedi soir à Beyrouth, pour sa deuxième visite depuis sa nomination en janvier. Il doit s’entretenir ce dimanche avec les principaux responsables libanais pour tenter une nouvelle fois de désamorcer le conflit transfrontalier entre le Hezbollah et Israël.

Depuis l’invasion meurtrière du Hamas le 7 octobre en Israël et les terribles représailles israéliennes sur la bande de Gaza, le Hezbollah pro-iranien, qui soutient le mouvement islamiste palestinien, échange quotidiennement avec Israël des tirs à la frontière libano-israélienne. Ces dernières semaines, les répliques d’Israël se sont faites plus en profondeur sur le territoire libanais, alors que de son côté le Hezbollah a intensifié ses attaques contre des positions militaires israéliennes dans le nord du pays.

Stéphane Séjourné a entamé son séjour au Liban dimanche par une visite au quartier général de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), déployée dans le sud du pays. «Nous faisons des propositions aux autorités politiques pour […] éviter la guerre au Liban», a déclaré le ministre, avant de préciser qu’il se présentera aux autorités politiques du Liban «pour […] faire des propositions. Notre responsabilité est de pallier l’escalade et c’est aussi notre rôle dans la Finul. On a 700 soldats qui sont présents ici».

Après le Liban, Stéphane Séjourné se rendra en Arabie Saoudite

En mars, Beyrouth avait remis à Paris sa réponse à l’initiative française qui, selon une autre source diplomatique, portait sur l’application de la résolution 1 701 de l’ONU, qui stipule le déploiement seul de l’armée libanaise et des Casques bleus de l’ONU dans le sud du Liban. Najib Mikati, à la tête au Liban d’un gouvernement démissionnaire aux pouvoirs réduits, a indiqué vendredi que Paris «revoyait» son initiative qu’il allait remettre à Beyrouth pour examen.

En parallèle, Washington est également à la manœuvre pour tenter de mettre fin aux violences et dans ce cadre, l’émissaire américain Amos Hochstein est en visite à Jérusalem.

Après Beyrouth, Stéphane Séjourné poursuivra une tournée au Proche-Orient et se rendra à Riyad, en Arabie Saoudite, pour un sommet sur Gaza. Il y retrouvera le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, pour discuter «des efforts en cours visant à parvenir à un cessez-le-feu à Gaza qui permette la libération des otages», et «sur l’importance de prévenir une extension» régionale de la guerre, selon le département d’Etat américain.

Le Hezbollah a indiqué à plusieurs reprises qu’il ne mettra fin à ses attaques qu’en cas de cessez-le-feu à Gaza. «Quant aux initiatives dont ils parlent pour la question du Liban et du sud, elles ne sont pas viables sans cessez-le-feu à Gaza», a rappelé samedi le numéro 2 du parti, Naïm Qassem, selon l’agence de presse libanaise Ani. En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 385 personnes, dont 254 combattants du Hezbollah et 73 civils, ont été tuées au Liban, selon un décompte de l’AFP. Côté israélien, 20 personnes ont été tuées, selon l’armée.

Manifestation à Tel-Aviv pour demander la libération des otages

Les efforts diplomatiques en vue d’une trêve dans les combats à Gaza associée à la libération d’otages s’intensifiaient dimanche, au moment où le Hamas a indiqué étudier une contre-proposition israélienne pour un cessez-le-feu, associé à la libération d’otages. Les détails de la contre-proposition n’ont pas filtré mais selon le site Axios, qui cite des responsables israéliens, elle inclut la volonté de discuter de «l’établissement d’un calme durable» à Gaza.

Pendant ce temps, la pression interne sur le gouvernement de Benyamin Nétanyahou se poursuit. Samedi soir, des milliers de personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv pour exiger la libération des otages enlevés le 7 octobre. Ce jour-là, des commandos du Hamas, lors d’une attaque d’une violence sans précédent, avaient tué 1 170 personnes, dont une majorité de civils. Plus de 250 personnes avaient été enlevées. A ce jour, 129 restent captives à Gaza, dont 34 seraient décédées, selon des responsables israéliens. Samedi soir, les manifestants à Tel-Aviv ont scandé : «Un accord, maintenant !» tout en appelant le gouvernement d’extrême droite de Nétanyahou à démissionner. Quelques heures plus tôt, le Hamas avait diffusé une vidéo montrant deux otages, Keith Siegel, 64 ans, et Omri Miran, 47 ans. C’est la deuxième vidéo diffusée en quelques jours par le Hamas.

Lors du rassemblement, le père d’Omri Miran a exhorté le Hamas à «faire preuve d’humanité», lui demandant de «prendre une décision maintenant».