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Libération
Reportage

Sur la frontière turco-syrienne, les blessures kurdes des habitants de Nusaybin

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Erigé à partir de 2012, le mur qui sépare les deux pays a déchiré de nombreuses familles kurdes. Côté turc, beaucoup désespèrent de revoir un jour leurs proches, et la perspective des élections n’incite pas à l’optimisme.
Osman à Nusaybin (Turquie), le 22 mars. Une partie de la famille de ce berger de 66 ans vit de l'autre côté du mur, à Qamichli (Syrie). (Sefa Eyol/Libération)
par Laurent Perpigna Iban, envoyé spécial à Nusaybin (Turquie)
publié le 1er mai 2023 à 18h58

Un épais mur de béton, des miradors et des barbelés. De chaque côté, des familles divisées et une douleur que le temps n’a pas atténuée. Contrairement aux apparences, nous ne nous trouvons pas dans une de ces nombreuses localités de Jérusalem Est ou de Cisjordanie, défigurées par des séparations de plusieurs mètres de haut, mais dans le sud-est de la Turquie, à quelques jets de pierres de la frontière syrienne. Ici, Nusaybin, une cité majoritairement kurde de 90 000 âmes dont l’accès est contrôlé par l’armée turque ; en face, de l’autre côté du mur, Qamichli, devenue à la faveur de la guerre la capitale de facto de l’Administration autonome du nord-est de la Syrie, fief des forces kurdes et véritable bête noire d’Ankara.

Le tracé rectiligne de la frontière turco-syrienne, qui suit à cet endroit l’ancienne ligne de chemin de fer Bagdad-Istanbul, marque un renfoncement à l’endroit de Nusaybin, dont certains