Mouafaq Chourbagi, 53 ans, le crâne aussi lisse que ses joues, observe son quartier de Daraya depuis la fenêtre de son appartement. Ce n’est plus à proprement parler un quartier. Plutôt une succession de tas de gravats et d’immeubles aux façades trouées qui leur donnent des allures de maquettes d’architecte géantes, avec vue depuis la rue sur ce qui a été un salon, une chambre, une cuisine, un escalier. «C’est Hiroshima, ici», dit Mouafaq. Il éclate de rire.
Daraya, à une dizaine de kilomètres au sud de Damas, incarne le soulèvement pacifique de mars 2011. C’est dans ses rues qu’ont été organisées les premières manifestations durant lesquelles les protestataires distribuaient des roses aux soldats, avant de se faire tirer dessus. Un pacifisme ancré depuis le début des années 2000, lorsqu’un groupe de jeunes s’était organisé pour réclamer des réformes et lutter contre la corruption.
Reportage
La ville l’a payé cher : un massacre en 2012, une attaque chimique en 2013, un siège de quatre ans et une destruction quasi-totale. Le régime, comme ailleurs,