La jeune femme élégante marche à pas lents au milieu des pierres tombales fracassées du cimetière de Yarmouk, le camp palestinien dans la banlieue sud de Damas. Elle cherche la sépulture de son père, mort en 2003. Elle ne la trouve pas.
Elle n’est pas revenue à Yarmouk depuis treize ans. Elle n’a vécu ni les combats des rebelles contre l’armée du régime en 2012, ni le siège entamé en 2013, ni l’irruption de l’Etat islamique en 2015 et les bombardements massifs à coups de barils d’explosifs largués depuis des hélicoptères. Elle n’a pas non plus pu revenir dans le cimetière après, quand les forces de Bachar al-Assad avaient repris Yarmouk en 2018. «Les soldats ne nous laissaient pas nous recueillir sur les tombes. Dès qu’on s’approchait, ils surgissaient avec leurs kalachnikovs», dit-elle.
Les deux guérites des militaires, de la taille d’un abri de jardin, mais bétonnées et aux fenêtres à barreaux, jouxtent le cimetière. Elles sont vides, les murs noircis. Des habitants de Yarmouk les ont incendiées le 8 décembre. Quelques heures plus tôt, les soldats, comme ailleurs dans la région de Damas,