Sous les pas d’Abu Faruk, les gravats crissent, mêlés aux seringues vides et aux emballages de compresses. Dans l’obscurité d’un sous-sol sans fenêtres, le faisceau de sa lampe torche laisse entrevoir des pièces nues aux murs carrelés de blanc, un écran pour lire les radios délabré et quelques instruments orthopédiques en métal brillant. «Ici, nous avions installé trois salles d’opération où nous pratiquions tous types de chirurgie», décrit celui qui avait une formation initiale de juriste, en se frayant un chemin parmi les décombres. Il se fige soudain au détour d’un couloir et murmure : «C’est là que nous mettions les morts. Il nous arrivait de dormir au milieu d’eux. C’était le seul endroit où nous pouvions trouver un peu de repos. Personne ne venait nous déranger, sauf les bombes.»
Dès 2013, tandis que l’armée de Bachar al-Assad, appuyée par l’aviation russe, écrase la Ghouta orientale, à l’est de Damas, Abu Faruk se porte volontaire au sein de l’hôpital clandestin de Kufr Batna. Il y travaillera au rythme des bombes et des hurlements jusqu’à la reprise en main de la zone par le régime Assad, en 2018. Se