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Libération
Reportage

Syrie : dans la Ghouta orientale, la fragile reconstruction d’un hôpital clandestin, symbole de la résistance

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Opérant secrètement pendant des années de siège, l’ancien hôpital souterrain de Kufr Batna, à l’est de Damas, a récemment rouvert ses portes avec une équipe de volontaires, malgré le manque de moyens et les séquelles de la guerre.
A l'hôpital Kufr Batna, le 24 avril. Fatma al-Salam, infirmière, réconforte un enfant en bas âge souffrant d'une intoxication alimentaire. (Marie Tihon/Hans Lucas)
par Iris Lambert, correspondante à Erbil (Kurdistan irakien)
publié le 21 juin 2025 à 10h15

Sous les pas d’Abu Faruk, les gravats crissent, mêlés aux seringues vides et aux emballages de compresses. Dans l’obscurité d’un sous-sol sans fenêtres, le faisceau de sa lampe torche laisse entrevoir des pièces nues aux murs carrelés de blanc, un écran pour lire les radios délabré et quelques instruments orthopédiques en métal brillant. «Ici, nous avions installé trois salles d’opération où nous pratiquions tous types de chirurgie», décrit celui qui avait une formation initiale de juriste, en se frayant un chemin parmi les décombres. Il se fige soudain au détour d’un couloir et murmure : «C’est là que nous mettions les morts. Il nous arrivait de dormir au milieu d’eux. C’était le seul endroit où nous pouvions trouver un peu de repos. Personne ne venait nous déranger, sauf les bombes.»

Dès 2013, tandis que l’armée de Bachar al-Assad, appuyée par l’aviation russe, écrase la Ghouta orientale, à l’est de Damas, Abu Faruk se porte volontaire au sein de l’hôpital clandestin de Kufr Batna. Il y travaillera au rythme des bombes et des hurlements jusqu’à la reprise en main de la zone par le régime Assad, en 2018. Se