Comme elle, sa maison est grande, belle, exubérante et joviale. Le patio arboré et fleuri de la superbe demeure traditionnelle du vieux Damas est devenu le quartier général de Hind Aboud Kabawat depuis son retour en Syrie, au lendemain du renversement du régime de Bachar al-Assad, en décembre 2024. Elle a réinvesti la maison de la famille de son mari dans le quartier de Bab Touma, abandonnée après quatorze ans d’absence, la transformant en ruche bourdonnante. Elle y accueille dans la bonne humeur et avec son débit de paroles infatigable sa famille élargie, ses amis de passage et les journalistes du monde entier qui se bousculent pour interviewer la seule femme et seule chrétienne du nouveau gouvernement syrien, au côté de 22 hommes, plus ou moins barbus ou technocrates.
«Je n’ai pas hésité un instant quand on m’a proposé d’entrer au gouvernement et surtout au ministère des Affaires sociales et du Travail, où je peux poursuivre l’action que je mène depuis des années au sein de la société civile. Etre auprès de ceux qui en ont le plus besoin : les petites gens, les marginalisés, les femmes», dit la sexagénaire syrio-canadienne, engagée à plusieurs titres dans l’opposition syrienne depuis 2011.
Dès sa prise de fonction, Hind Aboud Kabawat a montré qu’elle n’était pas là simplement pour