En résumé
- Depuis le 27 novembre, une coalition de rebelles, menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham, a lancé une offensive en partant de son fief à Idleb (nord-ouest), s’emparant de dizaines de localités et villes stratégiques comme Alep et Hama. Il s’agit de l’avancée la plus spectaculaire en 13 ans de guerre en Syrie.
- Les factions rebelles se dirigent désormais du sud du pays vers Damas et disent encercler la capitale syrienne. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme, l’armée syrienne se serait retirée de ses positions dans la zone.
- Le Hezbollah libanais a envoyé 2 000 combattants en renfort, dans la ville de Qousseir, une de ses places-fortes en Syrie proche de la frontière avec le Liban, pour la défendre en cas d’attaque des rebelles.
- Les ministres des Affaires étrangères de la Turquie, de l’Iran et de la Russie participent ce samedi à des discussions sur la Syrie à l’occasion du Forum de Doha. Les trois puissances sont impliquées dans le processus d’Astana signé en 2017 dans le but de mettre fin à la guerre civile en Syrie.
Homs est tombé des mains du régime. Les rebelles en Syrie sont entrés dans la ville stratégique de Homs, ville au centre du pays, a annoncé l’OSDH samedi soir. Au même moment, l’armée syrienne a indiqué que des dizaines de combattants du Hezbollah venus défendre la ville l’ont fuie après avoir compris qu’elle ne pouvait plus être défendue.
Le dictateur syrien aux abois. Bachar Al-Assad a fait une dernière tentative pour contacter indirectement les Etats-Unis et le président élu Trump pour sauver son régime et lui-même, rapporte le média américain Bloomberg. «L’une des propositions faites par Assad aux Etats-Unis via les Emirats arabes unis est que la Syrie interrompe toute implication avec les groupes militants soutenus par l’Iran, tels que le Hezbollah, si les puissances occidentales exercent une influence pour mettre fin aux combats, ont indiqué ces sources.»
Soutien. L’ancienne ambassadrice de France pour la Syrie, Brigitte Curmi, a tweeté ce soir son soutien au peule syrien. «Syrie, Syriens, je ne peux m’empêcher de penser à ce que vous avez enduré et à tout ce que vous avez souffert pendant toutes ces années. Croisons les doigts et espérons le meilleur, a-t-elle écrit sur X. Mon cœur est avec vous !»
Renforcement des défenses autour de Damas. L’armée syrienne a indiqué qu’elle renforçait ses lignes de défense autour de Damas et dans le sud du pays samedi, alors que la panique s’est répandue dans la capitale après les affirmations des rebelles disant s’en approcher. «Nos unités renforcent leurs lignes dans la campagne de Damas et dans le sud du pays», a déclaré un porte-parole du commandement général de l’armée dans un communiqué télévisé. Il a également indiqué que l’armée lançait des opérations contre les rebelles dans «les campagnes de Hama et de Homs et dans le nord de la campagne de Deraa», ville du sud.
Selon la chaîne américaine CNN, «Assad est introuvable». Une source proche du dossier a déclaré à CNN qu’Assad ne se trouvait dans aucun des endroits de la ville où l’on s’attendrait à le trouver, écrit le média. La garde présidentielle d’Assad n’est plus déployée à son lieu de résidence habituel, comme elle le serait s’il y était, a indiqué la source, alimentant les spéculations selon lesquelles il aurait pu s’échapper de Damas.
Manifestations. A Londres, devant l’ambassade russe, à Dortmund, à Düsseldorf, à Paris, des dizaines de manifestants syriens sont sortis dans les rues ce samedi pour demander la chute du régime de Bachar Al-Assad. «Enough with Assad», «Free Syria», proclamaient leurs pancartes, au milieu de drapeaux de la révolution syrienne. «Bachar a sauté», proclamaient-ils en référence aux slogans de 2011.
Le gouvernement syrien fait état d’un cordon de sécurité «très solide» autour de Damas. Le ministre syrien de l’Intérieur a déclaré ce samedi que les forces militaires et de sécurité avaient mis en place un cordon «très solide» autour de Damas, alors que les combattants rebelles ont dit qu’ils avaient commencé à encercler la capitale. «Il y a un cordon de sécurité et militaire très solide aux abords éloignés de Damas et de sa campagne, et personne […] ne peut pénétrer cette ligne de défense que nous, les forces armées, sommes en train d’ériger», a affirmé le ministre de l’Intérieur, Mohammed al-Rahmoun, à la télévision d’Etat.
Les rebelles syriens tentent de polir leur image. Le groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir al-Cham, anciennement affilié à Al-Qaïda et qui mène l’offensive contre le pouvoir en Syrie, a affirmé ce samedi qu’il protégera les bureaux gouvernementaux, internationaux et ceux des Nations unies dans le pays.
L’émissaire des Nations unies pour la Syrie appelle à éviter un «bain de sang». L’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a appelé ce samedi au calme dans le pays après l’avancée fulgurante des rebelles ces derniers jours. «Je réitère mon appel à la désescalade, au calme, à éviter un bain de sang et à protéger les civils conformément au droit humanitaire international», a-t-il déclaré lors du Forum de Doha, au Qatar, appelant à «lancer un processus qui mène à la réalisation des aspirations légitimes du peuple syrien».
L’armée israélienne affirme qu’elle aide les Nations unies à repousser une attaque en Syrie. Tsahal a déclaré, ce samedi, qu’elle portait assistance à une unité des Nations unies à repousser une attaque contre un poste de l’ONU dans la région de Hader, en Syrie, près du plateau du Golan occupé par Israël. L’armée israélienne a déclaré que l’attaque était menée par des «individus armés».
«La Syrie, pas notre combat». Quelques minutes avant de rencontrer le président français Emmanuel Macron à l’Elysée et d’assister ensuite à la cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre-Dame, le président-élu Donald Trump a pris le temps de donner son avis sur les événements en cours en Syrie. «La Syrie va mal, mais ce n’est pas notre amie et LES ETATS-UNIS N’ONT RIEN A VOIR AVEC ELLE. CE N’EST PAS NOTRE COMBAT. LAISSONS-LES SE DEBROUILLER. ON NE S’IMPLIQUE PAS !», a-t-il écrit, en majuscules donc, dans un post sur son réseau social Truth Social. Le futur président américain, qui entrera en fonction le 20 janvier prochain, pourrait rencontrer ce samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, également présent à Paris. Il sera intéressant de voir s’il estime aussi que le conflit en Ukraine ne le concerne pas non plus.
La débandade de l’armée se poursuit. Ce sont désormais 2 000 soldats syriens qui se sont réfugiés en Irak, a compté le maire de la ville frontalière d’al-Qaim, Turk al-Mahlawi. Parmi les troupes, des blessés qui ont reçu un traitement médical.
La Turquie «souhaite» que la Syrie «trouve la paix dont elle rêve depuis treize ans». Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit ce samedi «souhaiter» que la Syrie, où des rebelles cherchent à renverser le régime de Bachar al-Assad, «trouve la paix dont elle rêve depuis treize ans» et le début du soulèvement écrasé dans le sang. «Notre souhait est que notre voisin, la Syrie, trouve la paix et la tranquillité dont elle rêve depuis treize ans», a déclaré le chef de l’Etat turc, affirmant que la Syrie est «fatiguée de la guerre, du sang et des larmes».
Plus de mille soldats syriens ont fui en Irak. Selon l’agence de presse de l’Etat irakien, plus de 1 000 soldats de l’armée syrienne sont passés en Irak ce samedi. Les autorités irakiennes ont autorisé l’entrée sur leur territoire des soldats de l’armée syrienne qui fuient les combats dans leur pays, via le poste-frontière d’Al-Qaïm. Parmi ces militaires figurent des blessés. D’après une source de sécurité, leur nombre s’élève même à 2 000 militaires.
Où se trouve Bachar al-Assad ? «Toujours à Damas», affirme la présidence syrienne qui dément sa fuite du pays face à l’avancée rapide des factions rebelles vers la capitale et son palais. «Le président Bachar al-Assad se trouve toujours à Damas et poursuit son travail et ses devoirs nationaux et constitutionnels depuis la capitale», affirme le régime qui condamne par la même occasion «les rumeurs et les fausses nouvelles» via son agence de presse officielle.
Les rebelles syriens entrent dans Homs par le nord et l’est. Les combattants rebelles sont entrés ce samedi dans la ville clé de Homs par le nord et l’est, ont déclaré à Reuters un habitant, l’armée et des sources rebelles. Vendredi après-midi, l’OSDH avait indiqué que les forces gouvernementales s’étaient retirées de Homs pour rejoindre sa périphérie, ce que ces dernières ont démenti. La veille, les rebelles emmenés par les islamistes extrémistes de Hayat Tahrir al-Sham avaient pris le contrôle de la ville stratégique de Hama.
Des manifestants renversent la statue de Hafez al-Assad, père de Bachar al-Assad, dans la banlieue de Damas. Des manifestants syriens s’en sont pris à la statue du père du président syrien, Hafez al-Assad, également chef d’Etat de la Syrie entre 1971 et 2000. Sur une place principale dans la banlieue majoritairement druze de Jaramana, à moins de dix kilomètres du centre de Damas, ces manifestants ont renversé la statue et appelé à la chute d’Assad. Ils se sont également dirigés vers des bâtiments gouvernementaux dans la zone fortement policée de la capitale, où se trouvent plusieurs services de sécurité, ont déclaré des témoins à Reuters. Des vidéos postées sur internet et vérifiées par l’AFP montrent bien des jeunes hommes renversant la statue et scandant des slogans anti-Assad.
La Russie juge «inadmissible» de voir des «groupes terroristes» contrôler la Syrie. Alors que Moscou est dans l’incapacité de prêter main-forte au régime d’Al-Assad, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que lui et ses homologues turc et iranien, réunis au Forum de Doha, ont convenu de la nécessité d’une fin immédiate des «hostilités» en Syrie. Lavrov a exprimé le souhait de voir un dialogue s’instaurer entre le gouvernement syrien et de ce qu’il a qualifié être «l’opposition légitime». Il a également affirmé que le groupe islamiste reste composé de «terroristes», indépendamment de leurs déclarations de changement de position. Selon Lavrov, il est «inadmissible de permettre à des groupes terroristes de prendre le contrôle de territoires syriens». Interrogé sur l’évolution de la situation en Syrie et sur le sort des bases militaires russes dans le pays, Lavrov a répondu qu’il n’était «pas là pour faire des suppositions».
En images - Des Syriens en fuite arrivent du côté jordanien de la frontière. La Jordanie a récemment fermé son poste-frontière avec la Syrie après que la guerre civile se soit ravivée ces derniers jours, le groupe rebelle Tahrir al-Sham (HTS) ayant gagné du terrain dans le pays.
Des centaines de soldats syriens fuient en Irak. Les autorités irakiennes ont autorisé l’entrée sur leur territoire de centaines de soldats de l’armée syrienne qui ont fui les combats avec les rebelles, ont indiqué ce samedi à l’AFP deux responsables de sécurité, précisant que parmi ces militaires se trouvaient également des blessés. Les soldats syriens «ayant fui les combats» sont entrés via le poste-frontière d’Al-Qaïm, a indiqué à l’AFP un haut responsable de sécurité, précisant que «des blessés ont été hospitalisés pour des soins» dans l’hôpital de cette localité à la frontière dans l’ouest de l’Irak. Leur nombre s’élève à 2 000 militaires, a précisé une deuxième source de sécurité, «des officiers et des soldats» entrés en Irak «avec l’accord» des autorités irakiennes.