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Syrie : le groupe islamiste HTS annonce la dissolution de sa branche armée, «dans l’intérêt général du pays»

Abou Hassan al-Hamwi, chef militaire du groupe HTS qui a renversé Bachar al-Assad, a assuré ce mardi 17 décembre que sa troupe serait «la première à prendre l’initiative» de se dissoudre, pour être intégrée dans l’armée régulière.
Le chef militaire de HTS, Abou Hassan al-Hamwi, à Lattaquié ce mardi 17 décembre. (Omar Haj Kadour/AFP)
publié le 17 décembre 2024 à 21h19

Un peu plus d’une semaine après la prise du pouvoir en Syrie des mains de Bachar al-Assad, le chef militaire du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a annoncé ce mardi 17 décembre que «la prochaine étape» serait la dissolution des groupes armés, à commencer par le sien. «Dans tout Etat, il faut que les unités militaires soient intégrées au sein» de l’armée régulière, a affirmé Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de guerre d’Abou Hassan al-Hamwi. Il a ajouté que HTS serait «le premier à prendre l’initiative» de se dissoudre, «dans l’intérêt général du pays».

La coalition armée conduite par HTS, un groupe islamiste radical, avait pris le pouvoir le 8 décembre au terme d’une offensive éclair qui lui a permis de contrôler la capitale Damas et une bonne partie du pays. Le chef militaire de HTS a d’autre part demandé l’arrêt des frappes et «incursions» israéliennes qui se sont intensifiées depuis la chute de Bachar al-Assad.

Il a en outre appelé l’Occident à retirer HTS et son chef Abou Mohammed al-Joulani, de son vrai nom, Ahmed al-Charaa, de la liste des «organisations terroristes». HTS reste considéré comme «terroriste» par l’ONU, les Etats-Unis et certains pays européens. Mais plusieurs délégations étrangères se sont succédé à Damas pour rencontrer les nouvelles autorités syriennes, qui s’efforcent de rassurer sur leur capacité à pacifier la Syrie, morcelée et dévastée par 13 ans de guerre civile.

Le responsable militaire de HTS a enfin affirmé que le nouveau pouvoir voulait étendre son autorité sur les zones kurdes du nord-est de la Syrie, contrôlées par une administration kurde semi-autonome. «Le peuple kurde est une des composantes du peuple syrien […] la Syrie ne sera pas divisée et il n’y aura pas d’entités fédérales», a-t-il martelé. Il a ajouté que «la région que contrôlent actuellement les Forces démocratiques syriennes (FDS) sera intégrée à la nouvelle administration du pays». Les FDS, dont les Kurdes constituent la principale composante, sont soutenues par les Etats-Unis.

Proposition d’une «zone démilitarisée»

Washington a d’ailleurs annoncé ce mardi soir la prolongation de la trêve, sous son égide, entre les forces dominées par les Kurdes qui contrôlent de vastes régions du nord-est de la Syrie, et les groupes proturcs à Manbij, zone à majorité arabe. La trêve, qui avait expiré, «est prolongée jusqu’à la fin de la semaine et nous chercherons à obtenir que ce cessez-le-feu dure le plus longtemps possible», a dit à la presse Matthew Miller, porte-parole du département d’Etat américain. Cette prolongation survient alors que les groupes soutenus par Ankara se préparaient à lancer l’assaut sur la ville de Kobané, tenue par les forces dirigées par les Kurdes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Dans le même temps, Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes, a proposé la création d’une «zone démilitarisée» à Kobané, «avec le redéploiement des forces de sécurité sous la supervision et la présence américaine», a-t-il écrit sur X. Après la chute de Bachar al-Assad, des combats meurtriers ont éclaté dans le nord du pays entre les FDS, qui contrôlent de vastes régions du nord-est syrien, et les groupes proturcs, auxquels une trêve a mis fin sous une médiation américaine.