Quatre ans avant de nouvelles élections. Pour le nouveau dirigeant de la Syrie, Ahmed al-Charaa (anciennement connu sous nom de guerre Abou Mohammed al-Joulani), l’organisation d’un scrutin électoral dans le pays pourrait nécessiter jusqu’à quatre ans. «Le processus électoral pourrait prendre quatre ans», a affirmé ce dimanche 29 décembre au soir le chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui dirige la coalition ayant renversé Bachar al-Assad le 8 décembre, lors d’un entretien avec la chaîne saoudienne Al-Arabiya. Avant l’organisation d’élections, il sera nécessaire de «réécrire la Constitution», une tâche qui pourrait prendre «deux ou trois ans», a-t-il déclaré.
Dans un entretien où il a abordé de nombreux sujets, le dirigeant a ménagé ses voisins, en affirmant que la Syrie «ne peut pas» se passer de «relations» avec l’Iran, tout en jugeant que celles-ci devaient être basées sur un «respect» mutuel de la souveraineté des deux pays. «La Syrie ne peut pas continuer sans des relations avec un grand pays au poids régional comme l’Iran, mais il faut que celles-ci se fassent sur la base du respect de la souveraineté des deux pays et sans ingérences dans les affaires internes», a-t-il averti.
«Pays important»
Ahmed al-Charaa a également souligné les «intérêts stratégiques profonds» qui existent entre la Syrie et la Russie, exprimant son désir de reconstruire la relation avec le principal allié du président déchu Bachar al-Assad. Ce dernier s’est d’ailleurs réfugié avec sa famille à Moscou, après avoir fui la Syrie. «La Russie est un pays important», a dit le nouvel homme fort de la Syrie, rappelant que «tout l’armement syrien est d’origine russe et de nombreuses centrales électriques sont gérées par des experts russes». «Nous ne voulons pas que la Russie quitte la Syrie de la manière dont certains le souhaiteraient», a-t-il ajouté.
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La coalition de rebelles qui a mis fin au règne de Bachar al-Assad est restée jusqu’à ce jour assez vague sur ses intentions pour l’avenir du pays, si ce n’est en assurant que toutes les croyances seraient respectées et que le pays devait s’unir. Dans son interview, Ahmed al-Charaa a par ailleurs affirmé que les forces kurdes seront intégrées à l’armée syrienne. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et appuyées par les Etats-Unis, devraient être intégrées à la future armée syrienne, a-t-il estimé. «Les armes doivent être uniquement aux mains de l’Etat. Quiconque était armé et a les capacités de rejoindre le ministère de la Défense sera le bienvenu», a-t-il lancé, assurant que c’est sur «ces conditions et ces critères» que des «négociations» seront menées avec les FDS, «dans l’espoir de trouver une solution appropriée».
Il a également espéré que l’administration Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, lèvera les sanctions contre la Syrie, seul moyen selon lui de permettre à l’économie syrienne de se relancer. «Les sanctions ont été imposées à la Syrie en raison des crimes commis par le régime contre des victimes», a-t-il dit. «Aujourd’hui, ce sont ces victimes qui ont renversé ce régime […]. Les sanctions doivent donc être levées automatiquement», a-t-il estimé. Et d’espérer «que les sanctions seront levées sans devoir entamer de négociations».