Les forces gouvernementales syriennes «ont commencé à entrer à Soueïda», ville à majorité druze dans le sud de la Syrie, jusque-là tenue par des combattants de cette minorité, a annoncé ce mardi 15 juillet le ministère de la Défense. Leur arrivée a été suivie de violents affrontements, a rapporté un correspondant de l’AFP posté à l’entrée de la ville.
Avant d’entrer dans la ville, les autorités syriennes ont proclamé un couvre-feu et appelé les habitants de Soueïda «à rester à la maison et l’informer de tous les mouvements des groupes hors-la-loi». Un communiqué des autorités religieuses druzes avait appelé les combattants de la communauté à remettre leurs armes sans résistance. Mais l’un des signataires, l’influent cheikh Hikmat al-Hejri, a par la suite appelé dans un communiqué séparé à «faire face à la campagne barbare», accusant Damas d’avoir failli à ses engagements en continuant de bombarder la ville.
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L’entrée des troupes gouvernementales intervient après deux jours d’affrontements, qui ont initialement opposé des combattants druzes à des tribus bédouines dans la région et fait une centaine de morts. Des négociations avaient été lancées lundi entre les autorités syriennes et des représentants des druzes pour parvenir à un arrêt des combats dans cette région à majorité druze.
Ces nouvelles violences intercommunautaires illustrent les défis auxquels fait face le pouvoir intérimaire d’Ahmed al-Charaa depuis qu’il a renversé le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de quatorze ans de guerre civile.
Frappes israéliennes
Lundi, Israël avait annoncé avoir frappé dans cette région plusieurs chars des forces gouvernementales et ajouté qu’il ne permettrait pas de présence militaire dans le sud de la Syrie. Israël était déjà intervenu ces derniers mois en Syrie sous prétexte de protéger les druzes. Ces frappes constituent «un avertissement clair au régime syrien. Nous ne permettrons pas que du mal soit fait aux druzes en Syrie», a déclaré le ministre de la Défense, Israël Katz.
Les forces gouvernementales, qui ont dépêché d’importants renforts dans la région, ont pris lundi après-midi le contrôle d’Al-Mazraah, un village druze aux abords de Soueïda, selon un correspondant de l’AFP.
La province de Soueïda abrite la plus importante communauté druze du pays, une minorité ésotérique issue de l’islam qui comptait quelque 700 000 membres en Syrie avant la guerre civile, et est aussi implantée au Liban et en Israël.
99 morts dans les affrontements
Les tensions couvaient depuis des heurts interconfessionnels en avril entre combattants druzes et forces de sécurité dans les zones druzes proches de Damas et à Soueïda, qui avaient fait plus de 100 morts. Des membres de tribus bédouines sunnites de Soueïda avaient participé aux affrontements au côté des forces de sécurité, selon l’OSDH. A l’époque, des chefs locaux et religieux avaient conclu des accords, en vertu desquels des combattants druzes assurent depuis mai la sécurité dans la province.
Selon l’OSDH, les affrontements ont fait 99 morts, parmi lesquels 60 druzes, pour la plupart des combattants mais également deux femmes et deux enfants, 18 bédouins, 14 membres de forces de sécurité et 7 hommes armés non identifiés. Le ministère de la Défense a fait état de 18 morts dans les rangs des forces armées.
Après la chute de Bachar al-Assad, renversé par une coalition de rebelles islamistes sunnites, les violences contre la communauté alaouite – plus de 1 700 morts – puis contre les druzes, ainsi qu’un attentat contre une église à Damas en juin, ont ébranlé la confiance dans la capacité du nouveau pouvoir à protéger les minorités.