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Libération
Offensive fulgurante

Syrie : les rebelles jihadistes revendiquent la majorité d’Alep, Bachar al-Assad se dit capable de «vaincre les terroristes»

Les forces rebelles du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui ciblent le régime de Bachar al-Assad, affirment avoir pris la ville clé du nord-ouest syrien ce samedi 30 novembre au matin. Les troupes de Moscou y ripostent pour la première fois depuis 2016.
Un rebelle dans le centre de la ville d'Alep, ce samedi 30 novembre 2024. (Aaref Watad/AFP)
publié le 30 novembre 2024 à 8h38
(mis à jour le 30 novembre 2024 à 21h14)

Trois jours d’une offensive fulgurante pour prendre des mains du régime de Bachar al-Assad la deuxième ville et cœur économique de la Syrie. Les forces rebelles du groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) seraient sur le point de faire tomber Alep ce samedi 30 novembre, dans le nord-ouest du pays. «Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et les factions rebelles alliées ont pris le contrôle de la majeure partie de la ville, des bâtiments gouvernementaux et des prisons», a déclaré l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

La même ONG, basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, a ajouté que «le gouverneur d’Alep et les commandants de la police et des services de sécurité se sont retirés du centre-ville». Dans l’après-midi, l’OSDH a ensuite fait état de la prise de l’aéroport d’Alep par les rebelles, ainsi que d’autres localités dans les provinces voisines d’Idleb et Hama.

Dans le courant de la matinée, l’armée syrienne avait confirmé que des combattants antirégime avaient pénétré dans de «larges parties» de la ville d’Alep. Des «organisations terroristes armées» ont lancé «une vaste attaque à partir de plusieurs axes sur les fronts d’Alep et d’Idleb» (nord-ouest), selon un communiqué dans lequel l’armée fait état d’intenses batailles sur «plus de 100 kilomètres». «Des dizaines d’hommes de nos forces armées ont été tués et d’autres blessés», poursuivait le texte.

Alors que les doutes se multiplient à son encontre, le président syrien Bachar al-Assad s’est exprimé dans la soirée, par le biais d’un communiqué. «La Syrie continue de défendre sa stabilité et son intégrité territoriale face à tous les terroristes et leurs soutiens, et elle est capable, avec l’aide de ses alliés et amis, de les vaincre et de les éliminer, quelle que soit l’intensité de leurs attaques», a-t-il déclaré lors d’un appel téléphonique avec son homologue émirati, d’après le texte publié par la présidence.

Ce samedi, les forces de la Russie, parrain du régime Al-Assad, ont mené des raids sur Alep pour la première fois depuis 2016, d’après la même ONG. Selon elle, des avions de chasse «probablement russes» ont pris pour cible des véhicules civiles dans un secteur de la ville pris par les rebelles, faisant «au moins 16 morts et 20 blessés».

L’Iran, autre allié du régime Assad, a fait état dans l’après-midi d’une attaque d’«éléments terroristes» sur son consulat à Alep. Un général iranien, «l’un des hauts conseillers iraniens à Alep», avait également été tué jeudi, selon l’agence de presse iranienne Tasnim.

Le bilan provisoire de l’offensive lancée mercredi, depuis le dernier grand bastion rebelle et jihadiste d’Idlib, qui jouxte la province d’Alep, a grimpé à 311 morts -183 combattants du HTS et leurs alliés, 100 soldats et membres des forces progouvernementales et 28 civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Cette offensive qui met fin à des années de calme relatif dans le nord-ouest syrien. Pendant la guerre civile qui a éclaté en 2011, et qui a fait plus d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes, HTS, dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, a pris le contrôle de vastes pans de la province d’Idleb, et des territoires voisins dans les régions d’Alep, Hama et Lattaquié.

Le régime syrien a repris en 2015 le contrôle d’une grande partie du pays avec l’appui de ses alliés russes et iraniens. Un cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara après une offensive du régime en mars 2020, avait permis d’instaurer un calme précaire dans le nord-ouest du pays.

Des discussions téléphonies ont d’ailleurs eu lieu entre les chefs de la diplomatie russe et iranienne ce samedi au sujet de la situation en Syrie. Lors de cette conversation entre Sergueï Lavrov et Abbas Araghchi, «les deux parties ont exprimé leur extrême préoccupation quant à l’escalade dangereuse de la situation en Syrie», a fait savoir le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Pour sa part, son homologue iranien a insisté sur «la nécessité de vigilance et de coordination» entre les deux pays afin de «neutraliser ce dangereux complot et de contrer les actions des groupes terroristes en Syrie et dans la région», selon un communiqué officiel.

La France a de son côté appelé en fin de journée ce samedi «l’ensemble des parties à respecter le droit international humanitaire et à protéger les populations civiles» à Alep, dans un communiqué du ministère des Affaire étrangères.

Mise à jour : à 21h13, avec l’ajout de la déclaration de Bachar al-Assad.