Menu
Libération
Transition

Syrie : plusieurs modifications dans les manuels scolaires inquiètent, le ministère de l’Education essaie d’éteindre la polémique

Jeudi 2 décembre, le gouvernement de transition a essayé de se défendre sur les réseaux sociaux en minimisant les modifications annoncées dans les programmes scolaires. La veille, l’annonce de ces changements avait déclenché de vives réactions.
Des élèves dans une école de Damas, en Syrie, le 19 décembre. (Amr Abdallah Dalsh/Reuters)
publié le 2 janvier 2025 à 19h03

«Les programmes de toutes les écoles syriennes resteront tels quels jusqu’à ce que des comités spécialisés soient formés pour les examiner» s’est défendu le ministre de l’Education syrien du gouvernement de transition, Nazir Al-Qadri, ce jeudi 2 janvier dans un communiqué publié sur Telegram. Un message qui se veut rassurant et qui fait machine arrière par rapport à une annonce qui a eu du mal à passer la veille.

Une publication Facebook du ministère a en effet engendré de nombreuses réactions, cumulant plus de 14 000 commentaires. On y voit plusieurs documents faisant état de «modifications» des programmes d’études «de la première année du primaire à la troisième année du secondaire». Des changements qui comprennent l’interprétation d’un verset coranique portant sur «ceux qui ont provoqué la colère» de Dieu et «les égarés» comme faisant référence aux juifs et aux chrétiens. La phrase nationaliste «sacrifier sa vie pour défendre sa patrie» est en outre remplacée par l’expression «sacrifier sa vie pour la cause de Dieu». Sont également annoncées des «modifications» drastiques des programmes d’histoire, de philosophie et d’éducation religieuse ainsi que la suppression de poèmes sur les femmes et sur l’amour. Et cela «au nom de l’intérêt général».

Des changements qui inquiètent

Des militants n’ont pas tardé à dénoncer ces modifications, qu’ils considèrent basées sur des «idéologies extrémistes». CNN Arabic rapporte que beaucoup pointent du doigt la suppression de la théorie de l’évolution des livres scolaires scientifiques et considèrent que c’est un grand pas en arrière. L’activiste et journaliste kurde yézidi Shiyar Khaleal estime sur Facebook que «l’éducation fondée sur des idéologies extrémistes peut façonner des individus dont les idées menacent la sécurité régionale et internationale». Il ajoute que «changer le programme scolaire sous la supervision de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) n’est pas seulement un danger éducatif, mais une menace à long terme pour le tissu social et l’avenir de la Syrie.»

Le ministère de l’Education a d’abord justifié ces modifications par la suppression de la propagande du parti Baas, au pouvoir sous Bachar al-Assad. Mais le gouvernement de transition syrien, qui se sait scruté par la communauté internationale, a cherché à rassurer à plusieurs reprises les minorités sur le fait qu’elles ne seraient pas victimes de violence. «Nous avons seulement ordonné la suppression des parties glorifiant le régime déchu d’Assad, et nous avons adopté des images du drapeau de la Révolution syrienne au lieu du drapeau du régime», a ajouté Nazir Al-Qadri dans son communiqué sur Telegram. Dans une interview accordée à Reuters mi-décembre, le ministre de l’Education syrien avait affirmé que les religions chrétiennes et musulmanes continueraient à être enseignées, que les écoles primaires resteraient mixtes tandis que l’enseignement secondaire serait toujours largement ségrégué, comme du temps d’Assad.