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Syrie : qui est Abou Mohammed al-Joulani, le leader du groupe rebelle islamiste HTS ?

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Celui qui se voit en futur dirigeant de la Syrie a évolué dans le sillage d’Al-Qaeda et de l’Etat islamique, avant de rompre avec ces groupes terroristes. Il affiche aujourd’hui une mue étonnante, sans que l’on sache si elle est réelle ou opportuniste.
Abou Mohammed Al-Jalouni. «Depuis six ou sept ans, il essaye de donner une nouvelle image de lui, plus moderne», observe le directeur de l’organisation humanitaire Mars qui opère dans le nord de la Syrie (Omar Haj Kadoor/AFP)
publié le 7 décembre 2024 à 18h08
(mis à jour le 8 décembre 2024 à 8h49)

Sur l’une des premières interviews qu’il a donnée à un média, la chaîne qatarie Al-Jazeera, en mai 2015, Abou Mohammed al-Joulani s’exprime en tant qu’émir du Front Al-Nosra en cachant son visage avec un long châle noir. Sa dernière prise de parole, neuf ans plus tard, sur la chaîne américaine CNN, auprès de la journaliste Jomana Karadsheh, n’a plus rien à voir. Al-Joulani – qui a demandé que l’on ne l’appelle plus par son nom de guerre mais par son patronyme civil, Ahmed Hussein al-Charaa – apparaît face caméra, chemise militaire kaki et barbe noire. Son propos est clair. «Le but de la révolution reste le renversement de ce régime, a-t-il déclaré vendredi 6 décembre. Nous avons le droit d’utiliser tous les moyens disponibles pour atteindre cet objectif.» Mission accomplie. Dimanche après-midi, quelques heures après la chute de la capitale syrienne, Al-Joulani foulait le sol de Damas, se prosternant et baisant le sol, avant de rejoindre la célèbre mosquée des Omeyyades.

En douze jours, le groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qu’il a créé en 2017 et qu’il dirige, allié à différentes factions et qui entretient des liens avec la Turquie, a réussi à provoquer la chute du dictateur Bachar al-Assad. Il a également tenté de s’acheter une légitimité tant en Syrie qu’à l’internati