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Libération
Reportage

Syrie : Raqqa, ancienne capitale de Daech, en quête d’un futur apaisé

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Dix ans après sa prise par les jihadistes, la ville tente de se tourner vers le futur, non sans difficulté. Parmi les principaux défis, la délicate cohabitation entre les forces kurdes et la population arabe, mais aussi la résurgence de l’Etat islamique.
Des membres arabes des Forces démocratiques syriennes à Raqqa, le 30 mai. (Laurent Perpigna Iban/Hans Lucas pour Libération)
par Laurent Perpigna Iban, envoyé spécial à Raqqa (Syrie)
publié le 19 juin 2024 à 18h32

Raqqa. Cinq lettres qui, dans l’imaginaire collectif, continuent d’incarner l’effroi, l’épouvante d’une époque qui a fait trembler le monde. Une ville pieuvre, devenue un temps capitale de la terreur, et dont les tentacules se déployaient sournoisement jusqu’au cœur de nos sociétés blessées. Cette cité à la réputation calme, longtemps marginalisée par le régime syrien, avait pourtant été la première capitale provinciale à s’en défaire. C’était en mars 2013, un an avant que les griffes de la mort la saisissent à la gorge, avant que les jihadistes paradent sur des chars pour déclarer le «califat», inondant ses rues de milliers de combattants, dont de nombreux étrangers, qui allaient faire régner la terreur pendant d’interminables mois.

La reconquête de Raqqa, achevée trois ans plus tard, en 2017, par la coalition arabo-kurde menée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), ouvrait de nouvelles perspectives. Mais à quel prix ? Atrophié, traumatisé et rasé à 80 %, Raqqa, passé sous la coupe de la Fédération démocratique du nord de la Syrie (Aanes, qui administre un tiers du territoire syrien, à l’est de l’Euphrate), allait se confronter à son plus grand défi :