L’espoir se ternissait à mesure que les otages, hommes comme femmes, étaient libérés par le Hamas : les membres de la famille Bibas auraient dû, en toute logique, figurer parmi les premiers à quitter les souterrains de l’enclave palestinienne. Si le père de la famille Bibas, Yarden, a été libéré samedi 1er février, sa femme Shiri Bibas, 33 ans, et leurs deux petits garçons Ariel, 5 ans, et Kfir, 2 ans, enlevés le 7 octobre 2023, sont morts en captivité, a confirmé mardi 18 février le chef du Hamas, Khalil al-Hayya, cité par Reuters, en annonçant le rapatriement de leurs corps jeudi.
Peu après, le bureau du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a confirmé qu’un accord avec le Hamas avait été conclu au Caire mardi pour le retour de quatre dépouilles jeudi, suivis de quatre autres la semaine prochaine. Israël et le Hamas se sont aussi accordés pour avancer la libération des otages israéliens au cours du week-end. Le mouvement palestinien libérera six otages vivants, au lieu des trois otages prévus à l’origine, a déclaré le bureau du chef du gouvernement israélien dans un communiqué.
La famille Bibas a de son côté fait savoir dans un communiqué ce mardi après-midi n’avoir encore reçu aucune preuve de leur mort. «Nous avons été chamboulés par l’annonce du […] Hamas sur le retour prévu de nos chers Shiri, Ariel Kfir ce jeudi», écrit la famille dans un communiqué. «Nous affirmons clairement que bien que conscients de ces informations, nous n’avons reçu encore aucune confirmation à ce sujet», ajoute le texte. «Tant que nous n’aurons pas de confirmation irréfutable, notre combat continuera», souligne la famille Bibas.
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Depuis près d’un an et quatre mois, ils sont devenus le symbole de cette longue bataille pour la libération des otages israéliens retenus à Gaza, et faisaient partie des 33 otages devant être libérés dans le cadre de l’accord de trêve obtenu entre le Hamas et Israël le 19 janvier.
Cette famille israélo-argentine vivait au kibboutz Nir Oz lorsque le Hamas a déclenché l’attaque terroriste le 7 octobre 2023. Situé à la frontière gazaouie, le village d’alors 400 habitants avait payé un lourd tribut ce jour-là, avec une trentaine de morts et plus de 70 otages. Les parents de Shiri, qui vivaient également à Niz Orz, avaient disparu dans l’incendie de leur maison, avant que leurs corps ne soient retrouvés et identifiés le 21 octobre. Le reste de la famille, lui, a été enlevé.
Plus jeune otage du Hamas, Kfir, n’avait que 9 mois le 7 octobre, et son frère Ariel, 4 ans. Leur enlèvement avait été filmé, Shiri tenant ses deux enfants dans ses bras. Un mois plus tard, en novembre 2023, le Hamas avait annoncé la mort de Kfir, Ariel et Shiri, tués dans une frappe israélienne – ce que l’armée de l’Etat hébreu n’a jamais pu, ou voulu, confirmer. Depuis, la population israélienne oscille entre espoirs et désespoirs : placés sur la liste des 33 otages libérables, Shiri, Ariel et Kfir n’ont pas été libérés lors du premier échange avec des prisonniers palestiniens, laissant planer une profonde inquiétude sur leur sort.
Peu d’insistance du gouvernement israélien
Comme l’analysait le Times of Israel le 30 janvier, le gouvernement israélien n’avait pas réclamé avec force la libération de Shiri, Ariel et Kfir : «Rien n’indique que les autorités aient exercé de pression pour obtenir leur libération dans les premiers jours du cessez-le-feu, qui a pourtant vu la libération d’autres otages. A l’inverse, le retard pris dans la libération d’Arbel Yehud a failli faire échouer l’accord et poussé Israël à accentuer la pression sur les civils palestiniens à Gaza. Aucun ultimatum similaire n’a été posé pour la famille Bibas.» Laissant ainsi penser que les otages n’étaient plus en vie, raison pour laquelle le gouvernement ne se battait plus pour eux. La veille, des milliers de personnes, en majorité en Israël, portaient des vêtements orange en hommage à la chevelure des deux petits Bibas, afin de réclamer leur libération.
Plus tôt dans le mois de janvier, le porte-parole de Tsahal avait fait part de ses «graves inquiétudes» concernant la famille Bibas. Dans la foulée, le Hamas avait remis une liste sur la situation de chacun des 33 otages libérables : parmi eux, le mouvement islamiste avait indiqué que huit étaient morts. Si aucun nom n’avait fuité, bien que le gouvernement israélien en avait fait part aux familles concernées, tout poussait à croire que Shiri et les deux petits en faisaient partie.
Le Hamas a donné l’identité du quatrième corps qu’il doit remettre ce jeudi. Il s’agit d’Oded Lifshitz, 84 ans, cofondateur du kibboutz Nir Oz d’où il avait été kidnappé en compagnie de son épouse Yocheved.
Mise à jour : jeudi 20 février à 7h09, avec la confirmation de la présence de la famille Bibas parmi les corps rapatriés.