«Les négociations progressent» pour obtenir un accord qui mettrait fin à la guerre dans la bande de Gaza, a affirmé ce lundi 13 janvier le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue danois, Lars Lokke Rasmussen. Saar a également martelé que l’Etat hébreu travaillait «dur» en ce sens. «Israël souhaite réellement libérer les otages» retenus depuis octobre 2023 dans l’enclave palestinienne, a-t-il poursuivi. Au total, il reste 94 otages à Gaza, dont 34 sont morts, selon l’armée.
Un responsable proche des discussions confirme qu’une «percée» a eu lieu la veille, dans la nuit de dimanche à lundi. Autour de la table des négociations étaient notamment présents les chefs des services de renseignement du Mossad et du Shin Bet israéliens, le Premier ministre du Qatar, ainsi que Steve Witkoff, qui deviendra l’envoyé spécial des Etats-Unis lorsque Donald Trump prendra ses fonctions la semaine prochaine. Des représentants de l’administration américaine sortante auraient également participé à la réunion.
Analyse
Après ladite «percée», le Qatar, médiateur dans le conflit qui oppose Israël au Hamas, a transmis dans la matinée à Israël et au Hamas une version finale d’un éventuel accord pour mettre fin à la guerre à Gaza. D’après la même source proche des négociations, «les vingt-quatre prochaines heures vont être déterminantes pour la conclusion de l’accord».
Les représentants des deux parties concernées, qui se gardent bien de confirmer officiellement qu’un projet final d’accord a été trouvé, ont tout de même salué les progrès réalisés lors des négociations. Un responsable palestinien proche des pourparlers a ainsi déclaré que les informations en provenance de Doha étaient «très prometteuses». «Les fossés se sont réduits et il y a une forte pression en faveur d’un accord, si tout se passe bien jusqu’à la fin», a-t-il précisé, tandis qu’un haut fonctionnaire israélien, sous couvert d’anonymat, a déclaré qu’un accord pourrait même être scellé dans les jours à venir.
Le 20 janvier comme date butoir
Selon les commentateurs israéliens, un accord serait maintenant à portée de main, notamment en raison de la décision du Premier ministre Benyamin Nétanyahou d’ignorer les pressions de ses ministres d’extrême droite, membres de sa coalition, renforcée début novembre par le ralliement du parti de centre droit de Gideon Saar. Face aux rumeurs de l’imminence d’un accord, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, un nationaliste pur et dur qui s’est opposé aux précédentes tentatives d’accord, a fustigé le projet, le considérant comme une «catastrophe pour la sécurité nationale de l’Etat d’Israël». Et d’affirmer qu’il ne soutiendrait pas un «accord de reddition qui inclurait la libération d’hyperterroristes, l’arrêt de la guerre, et la perte de ce qui a été acquis au prix de beaucoup de sang versé et de l’abandon d’un grand nombre d’otages».
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Les propos de Donald Trump sur «l’enfer à payer» si les otages détenus par le Hamas n’étaient pas libérés avant son entrée en fonction ont contribué à accélérer les négociations. Depuis cette sortie du président élu américain, la région considère le 20 janvier, jour de son investiture, comme une date butoir pour mettre d’accord les deux parties. Joe Biden, qui s’est entretenu dimanche par téléphone avec Benyamin Nétanyahou, a également insisté pour qu’un accord soit conclu avant son départ. Le président sortant américain a par ailleurs appelé à «une augmentation de l’aide humanitaire, rendue possible par l’arrêt des combats dans le cadre de l’accord».
Le consensus sur le principe d’un arrêt des combats, en échange de la libération des otages détenus par le mouvement islamiste d’un côté et de celle de prisonniers palestiniens détenus par l’Etat hébreu de l’autre, existe depuis des mois. En revanche, le Hamas a toujours insisté sur le fait que l’accord devait conduire à une cessation permanente de la guerre et au retrait israélien de Gaza, tandis qu’Israël a martelé qu’il ne mettrait jamais fin à la guerre tant que le Hamas ne serait pas démantelé. En dépit d’efforts diplomatiques intenses menés sous l’égide du Qatar, de l’Egypte et des Etats-Unis, aucune trêve n’a pu être conclue depuis celle d’une semaine intervenue fin novembre 2023, durant laquelle une centaine d’otages avaient pu être libérés. Des négociations avaient notamment eu lieu à Doha en décembre, mais le Hamas et Israël s’étaient alors accusés mutuellement de les enrayer.