Une action inquiétante pour la suite de la trêve. L’armée israélienne a annoncé ce mardi avoir lancé une opération militaire dans la zone autonome palestinienne de Jénine, en Cisjordanie, tuant neuf Palestiniens, selon l’Autorité palestinienne. Un journaliste de l’AFP sur place a constaté que les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne se sont retirées de positions qu’elles tenaient autour du camp dans le cadre d’une opération lancée en décembre pour tenter de mettre au pas des groupes locaux engagés dans la lutte armée contre Israël. Selon lui, les bruits de détonations et de rafales témoignaient de violents combats à l’intérieur du camp. A la mi-journée, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a indiqué que cette opération, «étendue et de grande envergure», a pour but d’«éradiquer le terrorisme à Jénine».

Le secrétaire général de l’ONU a appelé au contraire les forces de sécurité israéliennes à une «retenue maximale» en Cisjordanie occupée, selon un porte-parole. «Très inquiet» des violences commises sur le territoire, «en particulier l’opération militaire d’envergure en cours à Jénine», Antonio Guterres «appelle les forces de sécurité à faire preuve d’une retenue maximale et à utiliser la force mortelle uniquement quand elle est absolument inévitable pour protéger des vies», a déclaré Farhan Haq, porte-parole adjoint du chef de l’ONU.

Le Hamas doit libérer samedi quatre otages israéliennes retenues à Gaza lors du deuxième échange de prisonniers avec Israël prévu par l’accord de trêve, a déclaré ce mardi 21 janvier à l’AFP Taher al-Nounou, un haut dirigeant du mouvement islamiste palestinien. Ce dernier a confirmé par téléphone «la libération de quatre prisonnières israéliennes en échange de celle par [Israël] du deuxième groupe de prisonniers palestiniens selon les modalités convenues». Les trois premiers otages libérés lors de la première phase de la trêve de ce 19 janvier étaient aussi des femmes. Emily Damari, Romi Gonen, Doron Steinbrecher avaient été enlevées le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël et emmenées par les commandos dans la bande de Gaza. Elles ont retrouvé la liberté en échange de 95 Palestiniens détenus par Israël, après 471 jours de captivité.

Dans un entretien téléphonique mardi 21 janvier, le Premier ministre britannique Keir Starmer a signifié à Benyamin Nétanyahou que le processus de paix suivant le cessez-le-feu à Gaza «devait mener» à un Etat palestinien. A son homologue, le travailliste a déclaré que «le Royaume-Uni est prêt à faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir un processus politique qui doit également mener à un Etat palestinien viable et souverain».

Il n’y a eu ni pillage ni «attaque contre les travailleurs humanitaires», dans la bande de Gaza depuis l’entrée en vigueur dimanche matin d’un cessez-le-feu, a déclaré un porte-parole des Affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU, Jens Laerke, lors d’un point de presse régulier à Genève. Dès les premières heures de la trêve dimanche, des centaines de camions chargés d’aide humanitaire ont commencé à entrer dans le territoire en ruines, pendant que des milliers d’habitants de Gaza déplacés par la guerre se précipitaient pour retrouver leur terre. Cette trêve initiale de 42 jours est censée permettre l’entrée de 600 camions d’aide humanitaire par jour.

Le Qatar, qui joue le rôle de médiateur entre Israël et le Hamas palestinien, s’est dit «confiant» ce mardi dans l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, au troisième jour de la trêve. Sûr de lui en ce qui concerne «son contenu [de la trêve, ndlr] et le fait que nous avons réglé toutes les questions importantes sur la table», le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari, a toutefois reconnu que la moindre «violation ou décision politique» pourrait conduire à son effondrement. Par ailleurs, le président américain Donald Trump, à peine revenu à la Maison Blanche, avait exprimé lundi des doutes quant à la solidité de l’accord. «Ce n’est pas notre guerre, c’est la leur. Mais je ne suis pas confiant», avait-il répondu à une journaliste qui lui demandait s’il pensait que les armes allaient se taire durablement entre les deux belligérants dans le territoire palestinien dévasté.

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Herzi Halevi, a présenté ce mardi sa démission, l’expliquant par sa «responsabilité» dans «l’échec du 7 Octobre», en référence à l’attaque terroriste sans précédent du Hamas en Israël ce jour de 2023, selon sa lettre. «Au moment où l’armée enregistre des succès significatifs sur tous les fronts et qu’un nouvel accord de libération d’otages est en cours, je demande à mettre fin à mes fonctions le 6 mars 2025», signifie Halevi. «Pendant 40 ans, ma mission de protection de l’Etat d’Israël a été la mission de ma vie», confie le général, qui occupait le poste de chef d’état-major depuis décembre 2022. Mais «le matin du 7-Octobre, l’armée sous ma direction a échoué dans sa mission de protéger les citoyens israéliens», a-t-il dit. «Ma responsabilité dans ce terrible échec m’accompagne au quotidien et m’accompagnera toute ma vie.»

Air France, Lufthansa, Easyjet… De nombreuses compagnies aériennes, qui avaient interrompu leurs liaisons entre Paris et Tel Aviv, ont récemment annoncé leur intention de rouvrir cette ligne après l’annonce d’une trêve de six semaines entre Israël et le Hamas. Pour Air France, les vols, supprimés depuis le 30 septembre 2024, reprendront «à compter du 25 janvier 2025 avec initialement cinq vols par semaine». «Cette reprise ainsi que la poursuite des opérations resteront soumises à une évaluation régulière de la situation sur place», précise Air France. Transavia, la filiale low-cost du groupe franco-néerlandais Air France-KLM reprendra quant à elle ses vols entre les deux capitales le 28 janvier avec trois vols par semaine dans un premier temps, pour atteindre jusqu’à sept vols hebdomadaires à terme. La semaine dernière, Lufthansa avait annoncé la reprise de ses liaisons avec Tel Aviv à partir du 1er février ; quant à Easyjet, la reprise des vols n’est pas attendue avant le 1er juin.

Mise à jour à 17h27 avec les propos du général Halevi et les déclarations de Downing Street.