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Libération
Guerre en Ukraine

Trois blessés dans une frappe russe à Kyiv, deux jours après la mort d’enfants dans une attaque sur la ville natale de Zelensky

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Avec une rare virulence à l’égard de Washington, le président ukrainien dénonce depuis samedi 5 avril la «faible» réaction des Etats-Unis, dont l’ambassadrice s’est dite «horrifiée» par ces tirs, sans en préciser l’origine russe.
Après les frappes à Kyiv, ce dimanche 6 avril. (Roman Pilipey/AFP)
publié le 6 avril 2025 à 11h17
(mis à jour le 6 avril 2025 à 18h38)

Les frappes se poursuivent en Ukraine. Trois personnes ont été blessées dans trois quartiers de Kyiv par une «attaque de missile» russe, a annoncé ce dimanche 6 avril le maire de la capitale ukrainienne, Vitali Klitschko, sur Telegram. «Dans la nuit du 6 avril, une frappe de missile balistique russe sur Kiev a causé des destructions importantes dans les bâtiments abritant les bureaux éditoriaux de l’Entreprise de diffusion étrangère d’Etat d’Ukraine», rapporte également la chaîne de télévision Freedom dans un communiqué, ajoutant que sa salle de rédaction a été détruite, dont les locaux se trouvent dans un bâtiment - partiellement détruit par l’attaque - abritant les bureaux des chaînes publiques diffusant des programmes en langues étrangères.

Simultanément, la défense antiaérienne ukrainienne avait émis des alertes pour les régions de Kharkiv, Mykolaïv et Odessa en raison de «missiles [qui avaient] pénétré par le nord dans la région de Tcherniguiv et qui se dirigeaient vers le sud». Celles-ci ont toutes été levées.

Mais en réaction, le commandement des forces armées de la Pologne a annoncé qu’en raison de «l’intensité de l’activité de l’aviation de la Fédération de Russie, frappant des cibles dans l’ouest de l’Ukraine, les aviations polonaise et alliées avaient débuté des opérations dans l’espace aérien» polonais. De son côté, le ministère russe de la Défense a indiqué avoir intercepté et détruit 11 drones ukrainiens.

Cette attaque intervient deux jours après une frappe russe sur la ville natale de Volodymyr Zelensky, Kryvyï Rig. Bilan dramatique : 18 morts, dont la moitié d’enfants, et 72 blessés. Le ministère russe de la Défense avait quant à lui affirmé avoir mené «une frappe de précision» à Kryvyï Rig sur un restaurant «où se réunissaient des commandants de formations et des instructeurs occidentaux». Une «fausse information» destinée à «couvrir son crime cynique», a rétorqué l’armée ukrainienne.

Alors que cette frappe est l’une des pires des dernières semaines, ayant fait des victimes très jeunes, de 3 à 17 ans, le président ukrainien dénonçait samedi 5 avril la «faible» réaction des Etats-Unis.

«Peur de prononcer le mot «russe»»

L’ambassadrice américaine en Ukraine, Bridget Brink, s’était dite «horrifiée» par cette «frappe de missile balistique» mais sans en mentionner, dans un premier temps, l’origine russe. Zelensky avait alors accusé Washington d’avoir «peur de prononcer le mot «russe» en parlant du missile». Un ton rarement employé publiquement par le président ukrainien contre ses alliés.

L’ambassadrice Brink a été nommée en 2022 par le président américain d’alors, Joe Biden, adversaire du Kremlin et soutien de Kyiv. Depuis que Donald Trump est président, elle évite de nommer directement la Russie lors d’attaques, ce qu’elle faisait pourtant auparavant.

Washington a été le premier soutien militaire et financier de l’Ukraine, depuis le début de l’invasion russe en février 2022, mais le nouveau président Trump a multiplié les critiques contre son homologue ukrainien. Les deux hommes ont notamment eu une altercation verbale à la Maison Blanche le 28 février devant les caméras du monde entier.

Trump s’est rapproché du président russe, Vladimir Poutine, avec lequel il affirme vouloir négocier la fin de la guerre au plus vite. Sa main tendue à Moscou a été mal reçue à Kyiv, même si le président américain a depuis aussi menacé la Russie de nouvelles sanctions.

Négociations de paix

Volodymyr Zelensky continue de réclamer la fin de la guerre. Elle «doit cesser. Mais pour y parvenir, nous ne devons pas avoir peur d’appeler un chat un chat», a-t-il martelé ce samedi soir, estimant «faux et dangereux de garder le silence sur le fait que c’est la Russie qui tue des enfants avec des missiles balistiques».

Dimanche après-midi, il a réitéré ses regrets face à l’absence de «réponse» américaine au «refus» par le président russe Vladimir Poutine d’un cessez-le-feu complet et inconditionnel en Ukraine. «L’Ukraine a accepté la proposition américaine de cessez-le-feu total et inconditionnel. Poutine refuse», a dit Zelensky dans son adresse quotidienne à la nation. «Nous attendons que les Etats-Unis répondent – jusqu’à présent, il n’y a pas eu de réponse», a-t-il critiqué, disant attendre des mesures des Européens et de «tous ceux dans le monde qui veulent la paix».

Le président de l’Ukraine a toutefois salué samedi soir des «progrès tangibles», avec de «premiers détails concernant la manière dont pourrait être déployé» un contingent européen en cas de cessez-le-feu, après la venue vendredi 4 avril à Kyiv des chefs d’état-major des armées française et britannique. Les deux puissances européennes proposent de déployer un contingent de pays du continent, une «force de réassurance» censée prévenir une reprise du conflit une fois un cessez-le-feu mis en place.

«Ces frappes de la Russie doivent prendre fin, a écrit Emmanuel Macron sur X dimanche, sans plus de précisions. Il faut un cessez-le-feu dans les meilleurs délais. Et des actions fortes si la Russie continue de chercher à gagner du temps et à refuser la paix.»

L’Ukraine accuse Moscou de jouer la montre pour profiter de son avantage sur le front afin de conquérir davantage de territoires. Les Etats-Unis avaient proposé un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours, mais Donald Trump n’a pu obtenir à ce stade de Moscou qu’un accord pour un cessez-le-feu en mer Noire et un moratoire très flou concernant les frappes sur les infrastructures énergétiques, que les deux parties s’accusent de violer.

Mise à jour à 18 h 38 avec les déclarations du jour de Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron.