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Guerre

Trois mois après les massacres du Hamas, les Israéliens traumatisés et isolés

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Bloquée par la peine et l’horreur des massacres du 7 octobre, la société israélienne ferme les yeux sur la destruction de Gaza. Tirée vers l’extrême droite par des militants religieux expansionnistes, elle s’éloigne de plus en plus du reste du monde.
Des écoliers de Kiryat Gat accueillent mardi des réfugiés du kibboutz de Nir Oz, attaqué par le Hamas le 7 octobre. (Ilia Yefimovich/DPA. Abaca)
par Nicolas Rouger, correspondant à Tel-Aviv
publié le 4 janvier 2024 à 20h16

Les évacués du kibboutz de Nir Oz ont quitté leur hôtel, un peu à l’écart de la ville balnéaire d’Eilat, le 2 janvier. Ici, la mer Rouge luit de bleu, entourée de montagnes désertiques. C’est en bus que ces 160 personnes étaient arrivées, dans la nuit du 8 octobre, après presque deux jours d’horreur – une centaine d’autres avaient été tuées ou prises en otage. C’est en bus aussi qu’elles sont reparties, vers un quartier de la ville prolétaire de Kiryat Gat, à 3 h 30 de route vers le nord.

«Beaucoup ne sont pas prêts à prendre ce nouveau départ», dit Debra Kalmanowitz, manager des services psychosociaux à l’ONG IsraAid, qui passe le plus clair de son temps à Eilat depuis le 8 octobre, «mais c’est important de les pousser à reprendre une routine». Les enfants pourront retourner à l’école, et certains parents au travail. Le futur reste très incertain : la communauté ne sait pas si elle pourra retrouver son kibboutz, à 80 % détruits. Mais au moins jusqu’à la fin de l’année scolaire, les évacués auront un toit, une cuisine, des habitudes.

Kiryat Gat est à une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau de Beit Hanoun, première ville à la frontière au nord-est dans la bande de Gaza. L’armée israélienne a annoncé qu’elle se préparait à retirer des troupes, mais les bombes continuent à tomber dans l’enclave – et l’assassinat cibl