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Libération
Accord Hamas-Israël

Troisième jour de trêve à Gaza : qui sont les 14 otages israéliens libérés ?

Un troisième groupe d’otages a été libéré ce dimanche au troisième jour de cessez-le-feu sur le territoire palestinien. Ils ont été récupérés par l’armée israélienne à la frontière avec l’Egypte.
Un convoi de la Croix-Rouge transportant des otages israéliens et étrangers se dirige vers l'Égypte depuis la bande de Gaza au poste frontière de Rafah, le dimanche 26 novembre 2023. (Fatima Shbair/AP)
publié le 26 novembre 2023 à 18h41

On compte désormais 40 otages israéliens libérés en trois jours de trêve. Malgré les craintes, samedi soir, que l’accord passé entre Israël et le Hamas pour une trêve de quatre jours saute, le processus a continué sans gros accrochage ce dimanche. Un nouveau groupe de 14 otages israéliens a été relâché par l’organisation islamiste. De nouveau pris en charge par les 4x4 du Comité international de la Croix-Rouge, ils ont été évacués de la bande de Gaza par le poste-frontière de Rafah, avec l’Egypte, puis récupérés par l’armée israélienne.

Abigail Idan, 4 ans

C’est un visage que les Etats-Unis attendaient de revoir. Abigail Idan, 4 ans depuis trois jours, est sortie de captivité dimanche. Mais la petite Israélo-Américaine ne retrouvera pas ses parents, Samdar et Roi Idan, pour fêter son anniversaire : tous deux ont été assassinés le 7 octobre dans le kibboutz de Kfar Aza, où elle a été enlevée. Selon la famille, le père, un photojournaliste de 43 ans, a été tué alors qu’il portait sa fille. Celle-ci s’est ensuite traînée, maculée de sang, jusqu’à la maison d’un voisin, où elle a été capturée. Deux de ses frères et sœurs, aussi témoins du meurtre de leurs parents, ont pu, eu, sortir indemnes en restant cacher quatorze heures dans des toilettes. «Notre famille a passé les sept dernières semaines à s’inquiéter, s’interroger, prier, et espérer, a raconté à la télévision américaine la grand-tante d’Abigail, en début de semaine. Nous avons besoin de la voir sortir et ensuite, seulement, nous pourrons y croire.»

Tal, 9 ans, Gal, 11 ans, Agam, 17 ans, et leur mère Chen Goldstein-Almog, 49 ans

La situation de Chen Goldstein-Almog et de trois de ses enfants illustre les déchirements familiaux depuis le 7 octobre. Les membres du Hamas ont pénétré la maison de Chen et Nadav, à Kfar Aza, en couple depuis l’âge de 14 ans. La famille s’était réfugiée dans la pièce sécurisée mais le père, triathlète connu en Israël qui se remettait d’une chute depuis juillet, a été tué, ainsi que leur fille aînée, Yam, 19 ans. La mère et les trois autres enfants, Tal, Gal et Agam, sont enlevés. Times of Israel décrivait il y a quelques jours l’état de la maison des époux israélos-argentins, désormais en ruines, avec de multiples impacts de balles, les béquilles de Nadav par terre et leurs vélos abîmés. Assistante sociale de formation, Chen est mère au foyer. Son mari voyageant fréquemment en raison de son poste à l’usine de plastique Kafrit Industries de Kfar Aza, explique Omri Almog, le frère de Chen dans Times of Israel. En 2003, la famille Almog, dont fait également partie le président de l’Agence juive et général de division Doron Almog, avait déjà perdu cinq membres lors d’un attentat suicide du Jihad islamique dans le restaurant Maxim, à Haïfa. Lors des funérailles de Nadav et Yam, Inbar Goldstein, la belle-sœur de Chen, a récité dans un poème que «notre devoir est de ne pas oublier, ne pas oublier ceux qui ont été emmenés au-delà de la clôture, ne pas oublier ceux qui attendent de rentrer chez eux».

Oria, 4 ans, Yuval, 8 ans, Ofri, 10 ans, et leur mère Hagar Brodutch, 39 ans

Avichai Brodutch n’était pas chez lui pendant l’attaque de Kfar Aza, où il vivait avec sa famille. Cet agronome de 42 ans a d’abord cru que sa femme et ses trois enfants, qui étaient sur place, avaient été tués. L’espoir a refait surface lorsque des témoins ont raconté les avoir vus être emmenés, vivants, par le Hamas. Il va désormais pouvoir les serrer dans ses bras. Oria, 4 ans, Yuval, 8 ans, Ofri, 10 ans, et leur mère, Hagar, 39 ans, ont été libérés ce dimanche. Trois jours après l’attaque, Avichai, incapable de trouver le sommeil malgré les médicaments prescrits par son médecin, s’est installé devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv, une pancarte à la main : «Ma famille est à Gaza.» Il vivait depuis neuf ans à Kfar Aza, rapporte le Point qui l’a rencontré le 28 octobre. «Je pouvais voir Gaza de ma fenêtre, a-t-il raconté aux journalistes de l’hebdomadaire. Notre ferme jouxtait la bordure de sécurité.» Rapidement rejoint devant le ministère par des centaines de personnes désireuses de faire pression sur le gouvernement israélien, Avichai Brodutch est devenu l’une des figures des familles d’otages dans les médias du monde entier.

Ofri, sa fille aînée, allait célébrer ses 10 ans lorsqu’elle a été prise en otage. «Son gâteau est encore dans le frigo», raconte son père au Point. «Elle a une intelligence émotionnelle extraordinaire et l’âme d’une personne qui prend soin des autres», témoigne sa grand-mère sur le site du collectif Bring Our People Home. Elle aime prendre soin de ses deux petits frères, et leur répète souvent qu’il ne faut pas se moquer des autres. Yuval, lui, «a un grand sens de l’humour et une créativité sans limite, qui se manifeste lorsqu’il joue à Minecraft, poursuit l’aïeule. Il adore jouer au basket-ball et au football avec ses amis, promener le chien de la famille.» Quant au petit dernier, Oria, c’est un «enfant joueur, qui aime être au centre des choses» et «essaie continuellement de prouver qu’il est “un grand garçon”». Pendant l’attaque du kibboutz, leur mère avait recueilli Abigail Idan, la fillette israélo-américaine également libérée ce dimanche.

Ella Elyakim, 8 ans, et sa sœur Dafna, 15 ans

Ella Elyakim, 8 ans, et sa sœur Dafna, 15 ans, passaient le week-end dans le kibboutz de Nahal Oz chez leur père Noam, qui vivait avec sa compagne Dekala Araba et le fils de cette dernière, Tomer, 17 ans. Quand les terroristes du Hamas ont fait irruption chez eux, ils ont demandé à Dafna de lancer une vidéo live sur Facebook. On y voit le père, blessé à la jambe et qui saigne abondamment, avec Ella sur ses genoux. Au bout de plusieurs heures, le groupe des cinq est emmené mais seules Ella et Dafna arrivent à Gaza. Les corps de Tomer, Dekala et Noam ont été retrouvés criblés de balles sur un terrain vague. Une photo de Dafna en pyjama, sur un matelas, a été diffusée au lendemain de l’attaque. C’est la dernière preuve de vie reçue par leur mère, Maayan Zin. Jusqu’à leur libération ce dimanche.

Elma Avraham, 84 ans

«Ma mère est une belle femme, elle l’a toujours été. Elle est belle à l’intérieur comme à l’extérieur, raconte le comédien Uri Rawitz sur son compte Instagram. S’il vous plaît, ramenez ma mère, Elma Avraham, à la maison.» Le 7 octobre, Elma, 84 ans, entrait dans sa cinquantième année passée dans le kibboutz de Nahal Oz quand les hommes du Hamas ont débarqué. Au téléphone avec son fils Uri, cette mère de trois enfants s’était réfugiée dans son abri sécurisé mais ne pouvait pas fermer la porte. Trop lourde. Son deuxième fils, habitant du même kibboutz et réfugié dans son propre abri, n’a pas pu venir l’aider. Une fois l’armée israélienne sur place, celui-ci s’est précipité dans la maison de sa mère, cambriolée, saccagée. Uri reçoit alors un appel de sa sœur : «Uri, maman a été kidnappée.» Vingt-quatre heures après l’attaque du Hamas, le comédien reçoit une photo sur son téléphone d’un expéditeur inconnu. Il y reconnaît immédiatement sa mère Elma, assise sur une moto, s’accrochant à la femme qui tient le guidon. Un homme du Hamas, fusil d’assaut en main, est assis à l’arrière du deux-roues. Il va enfin pouvoir la revoir.

Adrienne «Aviva» Siegel, 62 ans

Adrienne Siegel, aussi appelée «Aviva», est libre. Cette enseignante d’école maternelle de 62 ans, «adorée des enfants partout où elle va», selon le collectif Bring Them Home Now, avait été kidnappée le 7 octobre par le Hamas à son domicile du kibboutz de Kfar Aza. Son mari, Keith Samuel Siegel, 64 ans, employé d’une société pharmaceutique, était à ses côtés – il est toujours en captivité. Originaire des Etats-Unis, il s’était installé il y a une quarantaine d’années en Israël, où il a rencontré sa femme, a raconté à l’émission Good Morning America son frère, David Siegel, médecin dans l’Etat de New York. Ce sont «des gens très modestes, très simples», a déclaré de son côté au Guardian Yuval Baron, gendre des Siegel qui vit dans le nord d’Israël. «Ce qu’ils aiment le plus, c’est leur famille, et nous avons besoin qu’ils reviennent.» Apprenant l’enlèvement, les quatre enfants du couple se sont assis avec leurs propres enfants, âgés de 3 à 9 ans, pour tenter d’expliquer ce qu’il était arrivé à leurs grands-parents. «Comment dire à des enfants que quelqu’un peut venir vous chercher dans votre maison, dans votre “safe place” ? C’est le pire cauchemar de tout enfant, et ce cauchemar s’est réalisé», a déclaré Yuval Baron. «C’était il y a dix-huit jours, et depuis, rien, zéro, nada. Nous ne savons pas s’ils sont ensemble ou s’ils ont leurs médicaments. Nous n’avons plus de larmes, plus d’espoir», a-t-il déploré le 25 octobre, près d’un mois avant d’apprendre la libération d’Adrienne Siegel.

Roni Krivoi, 25 ans

Il est le seul otage israélien libéré hors du cadre de l’accord passé entre Israël et le Hamas. Sauvé par son origine russe : Moscou a négocié directement avec l’organisation islamiste pour brandir sa libération comme un trophée. Roni Krivoi est un miraculé. A 25 ans, le jeune homme a déjà survécu, selon le récit de son père à deux accidents de voiture et une chute dans une bouche d’égout. Et désormais aussi à un mois et demi de captivité entre les mains du Hamas, qui l’a libéré ce dimanche 26 novembre. Né en Israël, ce technicien du son avait été capturé le 7 octobre lors du festival de musique Tribe of Nova, décimé par les militants islamistes, après s’être caché dans un trou pour échapper aux tueurs. Il avait eu le temps d’envoyer un message à ses proches pour leur dire qu’il allait bien.