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Réjouissances

«Tu es sûre que c’est notre fils ?» : l’incroyable bonheur des proches des Thaïlandais libérés par le Hamas

Guerre au Proche-Orientdossier
Frère, mari, fille, petite amie… Les familles des dix otages thaïlandais relâchés vendredi par le Hamas retrouvent enfin leurs proches. Certaines les croyaient morts depuis longtemps.
Kittiya Thuengsaeng a reconnu son compagnon, Wichai Kalapat, sur les images de télévision retransmises vendredi après la libération des premiers otages de la bande de Gaza. (Capture d'écran d'après /BBC)
publié le 25 novembre 2023 à 16h18
(mis à jour le 25 novembre 2023 à 17h47)

«Je n’en croyais pas mes yeux», a lâché Kittiya Thuengsaeng en découvrant la photo de la libération de son compagnon. La jeune femme croyait que Wichai Kalapat, 28 ans, comptait parmi les près de 40 Thaïlandais tués dans l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre. Sur les réseaux sociaux, elle a même partagé son deuil de l’homme avec qui elle espérait se marier en 2024. En début de semaine, la jeune femme a appris qu’il était vivant, plus d’un mois et demi plus tard. Et vendredi, elle a aperçu son visage sur les premières images de télévision des 4/4 de la Croix rouge quittant la bande de Gaza pour l’Egypte. Wichai Kalapat, qui était travailleur agricole dans le sud d’Israël, est soigné dans un hôpital israélien, et sera renvoyé en Thaïlande dès que son état de santé le permettra.

«J’ai parlé avec lui dans la matinée. Il souriait tout le temps. Il m’a dit qu’il était en sécurité, poursuit Kittiya Thuengsaeng. Quel soulagement.» Elle pense déjà au moment où elle serrera son compagnon dans ses bras, et le rassurera pour lui dire : «Tu es enfin à la maison.»

Ils sont dix désormais libres et en attente d’un rapatriement en Thaïlande après des examens médicaux en Israël. C’est ce qu’a annoncé le ministère thaïlandais des affaires étrangères, qui estime à 20 le nombre de ses compatriotes toujours en captivité à Gaza. Au total, 24 otages ont été libérés vendredi par le Hamas : dix Thaïlandais et un Philippin sans contrepartie, ainsi que 13 Israéliens contre 39 prisonniers palestiniens dans le cadre de l’accord passé entre l’organisation islamiste et Israël. Ils ont été récupérés dans Gaza par quatre véhicules du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), avant d’arriver en Israël via l’Egypte.

«Miracle»

Roongarun Whichanguen a aussi eu la surprise d’apprendre que son frère de 33 ans, qu’elle croyait mort, était finalement libre après six semaines d’emprisonnement dans les tunnels du Hamas: «J’étais très heureuse d’autant que j’avais très peu d’espoir.» La sœur de l’otage a appris l’heureuse nouvelle grâce à une photo. «J’ai zoomé et j’ai vu mon frère, explique-t-elle. Ma main tremblait. J’ai repris espoir.» On lui montre ensuite une vidéo, prise de trop loin, pour identifier son visage, mais c’est «à sa démarche» qu’elle le reconnaît rapporte le quotidien britannique The Guardian.

Roongarun appelle alors ses parents, en larmes. Ils peinent à y croire, et lui demandent à plusieurs reprises : «Tu es sûre que c’est notre fils ?» Sa libération ne leur sera confirmée par les autorités thaïlandaises que quelques longues heures plus tard. Puis elle a pu lui parler. Il dit n’avoir été ni torturé, ni agressé, assure qu’on «lui a donné de la bonne nourriture».

La presse thaïlandaise se fait aussi l’écho de ces retrouvailles à venir, de la surprise de ces libérations, souvent inespérées. Le Thai Post raconte l’histoire de Kanyaphat Rakthaisong, sans nouvelles de son mari depuis le 7 octobre. Elle qui confie n’avoir cessé de prier avec sa famille pour que Santi Boonprom soit en bonne santé, parle aujourd’hui d’un véritable «miracle». La BBC raconte, elle, l’optimisme des proches d’un couple, Boonthom Pankhong et Natthawaree Mulakan. «Notre famille a souffert pendant plus d’un mois, mais nous n’avons jamais cru à sa mort», dit le neveu de Boonthom, employé d’une ferme israélienne comme son oncle qui était le principal financier de sa famille.

L’agence de presse Reuters rapporte la joie de la mère de la seule femme thaïlandaise, Natthawaree Mulakan, a avoir été enlevée par le Hamas. «J’étais ravie [...]. Je suis sortie et j’ai dansé», explique Bunyarin Srijan en expliquant avoir entraînée sa petite fille de 8 ans devant leur maison. Elle n’osait plus regarder les informations depuis un mois et demi, par peur de «découvrir sa fille morte». Avant son enlèvement, Natthawaree s’apprêtait épouser son petit ami. «Après son retour, je l’emmènerai au temple pour observer les rites religieux», promet-elle en essuyant ses larmes. La future mariée pourra également retrouver ses deux enfants.

Ceux qui restent

Tous n’ont pas la même chance. Kanyarat Suriyasri espère elle aussi de bonnes nouvelles concernant son mari, Owat Suriyasri, qui serait toujours détenu par le Hamas. «Personne ne sait comment il va», explique-t-elle à l’AFP. Elle n’a aucune nouvelle des autorités thaïlandaises. «Plus il est absent, plus ça fait mal […] Tout ce que je peux faire, c’est garder la foi

Fin octobre, le ministre thaïlandais des Affaires étrangères s’était rendu au Qatar pour s’entretenir avec son homologue iranien sur la libération des ressortissants thaïlandais. Ils étaient quelque 30 000 à travailler en Israël, essentiellement dans le secteur agricole, au moment des attaques, selon le ministère thaïlandais du travail. Srettha Thavisin, le Premier ministre, a publié une image des Thaïlandais libérés sur X (ex-Twitter) en disant être «très heureux», avant d’appeler à la libération des autres otages.

Mis à jour à 17h35 : Ajout de la réaction de la famille de Natthawaree Mulakan.