Un «coup d’Etat politique». Voici ce que dénonce aujourd’hui le Parti démocratique des peuples (HDP, gauche prokurde) alors qu’une procédure visant à l’interdire a été ouverte mercredi par un procureur auprès de la Cour constitutionnelle turque. Le HDP, devenu la troisième force politique du pays aux élections législatives de 2018 avec près de 6 millions de voix, est désormais sur la sellette.
«Le gouvernement de l’AKP [Parti de la Justice et du Développement, islamo-nationaliste, ndlr] a transformé l’appareil judiciaire en instrument subsidiaire et partisan qui est désormais utilisé comme un outil pour façonner la politique», a réagi le HDP. Celui-ci appelle «toutes les forces démocratiques, toutes les forces d’opposition sociales et politiques et notre peuple à lutter ensemble contre ce putsch politique».
Par la voix de Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, l’Union européenne a mis en garde Ankara contre une interdiction du principal parti prokurde estimant qu’elle saperait la crédibilité de l’engagement en faveur des réformes et «violerait les droits de millions d’électeurs en Turquie».
«Détruire l’union»
Pour le pouvoir, le HDP est l’officine légale du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre Ankara depuis les années 1980 pour la reconnaissance des droits du peuple kurde. «[Ses membres] s’efforcent, par leurs déclarations et leurs actes, de détruire l’union indivisible entre l’Etat et la nation», a affirmé le procureur