Un mois exactement après les deux séismes qui ont dévasté le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie, un premier bilan du coût des dégâts matériels émerge. Lors d’un briefing de l’ONU mardi matin à Genève, Louisa Vinton, responsable pour la Turquie du Programme des Nations unies pour le développement, a déclaré qu’en Turquie, «les seuls dégâts matériels vont se monter à plus de 100 milliards de dollars [93 milliards d’euros]». Ce bilan n’est pas exhaustif. Selon Louisa Vinton, «les coûts de reconstruction et tout ce qui aura à voir avec le fait de reconstruire mieux et de reconstruire plus écologiquement vont évidemment encore dépasser ce montant». Elle a également manifesté ses regrets que l’appel d’urgence à des fonds d’un milliard de dollars, lancé le 16 février, ne soit jusqu’alors couvert qu’à 9,6 %.
Le 6 février, deux séismes de 7,7 et 7,6 sur l’échelle de Richter touchaient le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie, suivis par près de 11 000 répliques, d’après l’agence publique turque de gestion des catastrophes. Le bilan humain serait de plus de 52 000 morts, dont près de 46 000 en Turquie. Environ 6 000 personnes seraient également mortes en Syrie, selon les autorités.
Des centaines de milliers de bâtiments se sont effondrés ou sont désormais condamnés, laissant près de 2 millions de personnes à la rue. En plus des secousses, la responsabilité incomberait à la mauvaise qualité des matériaux de construction et le non-respect des normes par des promoteurs. Plus de 500 enquêtes ont été ouvertes.
La reconstruction au cœur de la campagne présidentielle
La contestation contre le gouvernement turc monte, à deux mois de la prochaine élection présidentielle. Dans le Sud-Est, face à l’absence de réaction des autorités, l’accueil et l’aide aux survivants avaient été pris en charge par des ONG et des partis d’opposition, avant d’être brusquement repris et monopolisés par les pouvoirs publics. La reconstruction des zones dévastées devrait être au cœur de la campagne présidentielle, où le président Recep Tayyip Erdogan sera candidat à sa propre succession, après vingt ans au pouvoir, notamment face à Kemal Kiliçdaroglu.
Ce haut fonctionnaire de 74 ans a été désigné par les six partis de l’opposition turque pour les représenter, alors que l’alliance a failli imploser la semaine passée. La présidente du Bon Parti (nationaliste), Meral Aksener, s’est opposée vendredi à la candidature du président du Parti républicain du peuple, avant de revenir à la table des négociations. L’alliance des six partis souhaite un retour à un système parlementaire, après la parenthèse d’Erdogan qui a considérablement renforcé les pouvoirs de l’exécutif.