Kamila est arrivée devant la boulangerie à l’aube, quand Kaboul somnole encore. Voilà deux mois que cette mère de cinq enfants vient chaque jour dans le quartier de Baharistan pour quémander du pain aux clients, vêtue d’une burqa azur qu’elle a achetée en seconde main. «Je ne la porte pas par conviction religieuse ni par peur des talibans, mais pour me cacher parce que j’ai honte de mendier», confie cette trentenaire, anonymisée par le grillage en tissu qui dissimule son regard. «Avant, je faisais le ménage pour des familles sikhs mais elles ont toutes quitté le pays depuis l’attaque», précise-t-elle, faisant référence à l’attentat perpétré mi-juin contre un temple de cette communauté religieuse qui avait fait deux morts – un fidèle et un combattant taliban.
Reportage
La récolte, assure Kamila, fut plutôt bonne aujourd’hui. Cinq pains. De quoi nourrir sa famille pendant vingt-quatre heures. Les jours où elle n’a pas autant de chance, elle se résout à toquer aux portes du quartier pour supplier les résidents de lui donner un peu de riz et des haricots. «A la base, je suis couturière. Tout ce que je demande, ce sont des opportunités de travail et que ma fille de 14 ans puisse retourner à l’école. La situation n’était pas parfaite sous le précédent gouvernement, rappelle-t-el