Menu
Libération
Au rapport

Un enfant libanais sur trois reste traumatisé par l’explosion de Beyrouth

Explosions à Beyrouth: la colère des Libanaisdossier
Après le manque de nourriture ou la déscolarisation, l’Unicef pointe désormais la «détresse psychologique» qui règne chez les enfants d’une famille sur trois au Liban, un an après l’explosion du port de la capitale.
Dans le périmètre hautement surveillé du port de Beyrouth, autour de l'épicentre de l'explosion, la destruction reste bien visible : voitures empilées, bateaux renversés, containers cabossés, dans un paysage toujours post-apocalyptique. (Aline Deschamps/Libération)
publié le 3 août 2021 à 13h54

Un an après l’explosion de 2 750 tonnes de produit hautement explosif stockées dans le port de Beyrouth, les conséquences du drame n’en finissent pas. Il y a les morts, avec des meurtres, des suicides suspects, alors qu’aucun responsable n’a été mis en cause. Et puis il y a les vivants, notamment les enfants. Selon une enquête menée par le Fonds de l’ONU pour l’enfance (Unicef) auprès de 1 200 familles libanaises en juillet, les enfants d’un foyer sur trois présentent encore des signes de traumatisme, de «détresse psychologique».

Chez les adultes, cette proportion atteint même près d’une personne sur deux (45,6%), a ajouté l’agence onusienne dans un rapport publié à la veille du premier anniversaire de l’explosion. Le drame survenu le 4 août dernier a fait plus de 200 morts, blessé au moins 6 500 autres et dévasté des quartiers entiers de la capitale. Parmi eux, six enfants ont perdu la vie. Mille ont été blessés.

«En danger»

«Ces familles ont du mal à se remettre des conséquences de l’explosion survenue au pire moment possible – au milieu d’une crise économique dévastatrice et d’une pandémie majeure», a souligné Yukie Mokuo, représentante de l’Unicef au Liban. Le pays est très atteint par le coronavirus. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, du début de la pandémie au 3 août 2021, 562 527 personnes ont été testées positives pour 6,8 millions d’habitants. Le nombre cumulé de cas positifs par million d’habitants, 82 048, s’approche donc des chiffres Français, avec 89 651 cas positifs par million d’habitants. Le Liban a recensé 7 909 décès.

«La vie des enfants est en danger alors que la crise qui s’aggrave laisse la plupart des familles incapables de subvenir à leurs besoins de base», a prévenu Yukie Mokuo. A la pandémie s’ajoute en effet une crise économique sans précédent, qualifiée par la Banque mondiale comme l’une des pires à l’échelle mondiale depuis 1850. Beaucoup de personnes ayant perdu leur emploi à cause de l’explosion sont toujours au chômage, selon l’Unicef, alors que le Liban est en proie à une paupérisation à grande échelle, une inflation galopante et des pénuries en tout genre, face à l’inertie des autorités.

Cette étude est la deuxième de l’été. Une première, publiée le 1er juillet par l’Unicef, se concentrait sur les effets de la récession économique sur les enfants. L’étude réalisée sur 1 200 ménages en avril révélait déjà que 30% des enfants se couchaient le ventre vide et ont sauté des repas au cours du mois précédent. «La santé, l’éducation et l’avenir même des enfants sont affectés par la flambée des prix et la hausse continue du chômage», alertait l’agence onusienne. L’éducation est particulière touchée : près de 15 % des familles ont interrompu la scolarité de leurs enfants. Par ailleurs, un enfant sur dix a été envoyé au travail.