Deux drones armés israéliens ont pris pour cible un bateau humanitaire vendredi 2 mai peu après minuit, affirment des militants de la Flottille de la Liberté, l’ONG propriétaire du navire. Cette embarcation, le Conscience, faisait voile vers Gaza afin de «contester le blocus illégal et meurtrier de Gaza imposé par Israël», informe un communiqué de l’organisation. Le navire s’apprêtait à accoster à Malte, où il devait récupérer des passagers, «dont Greta Thunberg», affirme à Libération la porte-parole en France de la Flottille de la Liberté, Claude Léostic. Greta Thunberg elle-même a confirmé qu’elle devait embarquer, auprès de l’agence Reuters.

Les attaques de drones ont provoqué un incendie, percé la coque du bateau et causé une coupure de courant, selon les militants. Aucun des 30 passagers n’a été blessé. L’armée israélienne n’a pas réagi pour l’instant. L’ONG a publié sur les réseaux sociaux des images vidéo, filmées dans l’obscurité, montrant un incendie sur le Conscience, ainsi que des lumières dans le ciel, sur fond de bruit d’explosion.

Le bateau devait livrer un certain nombre de produits dans la bande de Gaza, où aucune aide humanitaire n’a pu entrer depuis deux mois. A bord, «il y avait du matériel médical, des conserves et autres produits secs, des produits sanitaires, énumère la porte-parole. Des écoliers irlandais avaient aussi mené une campagne pour livrer des ballons de foot aux petits Gazaouis. Ils n’arriveront jamais à destination.»

Le communiqué de l’association affirme qu’après le lancement d’un signal de détresse, Chypre et l’Italie ont chacun envoyé un navire sur les lieux. Le gouvernement maltais a déclaré que le navire et son équipage avaient été mis en sécurité au petit matin, après qu’un remorqueur se trouvant à proximité a participé aux opérations de lutte contre l’incendie.

L’embarcation aurait été attaquée en dépit du droit international puisqu’elle se trouvait en haute mer. «Ce n’est pas la première fois qu’un de nos bateaux est pris pour cible par Israël alors que nous sommes dans les eaux internationales», souligne Claude Léostic.

En 2010, l‘armée de l’Etat hébreu avait lancé un assaut meurtrier contre un navire d’une flottille internationale d’aide humanitaire venant de Turquie pour tenter de briser le blocus israélien imposé à Gaza, qui avait fait dix morts et 28 blessés parmi les militants.

La Flottille de la liberté compte malgré tout poursuivre ses actions et essayer de rejoindre Gaza. «Nous prendrons la mer tant que les Etats se rendront responsables d’horreurs», affirme Claude Léostic. Cette volonté fait écho aux alertes d’autres ONG. Parmi elles, la Croix-Rouge met en garde ce même vendredi sur le fait que les opérations humanitaires à Gaza sont «au bord de l’effondrement total». L’Organisation mondiale de la santé a pour sa part qualifié jeudi «d’abomination» la situation dans le territoire palestinien, exprimant sa colère face à l’inaction pour secourir sa population.