Un pas supplémentaire, qui inquiète une partie de la communauté internationale. L’Iran a affirmé jeudi avoir fabriqué un missile balistique hypersonique, une arme manœuvrable, «capable de traverser tous les systèmes de défense antimissile», allongeant la liste des pays qui ont déjà annoncé développer cette technologie.
Dans la foulée de l’annonce iranienne, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a estimé que la nouvelle «renforce les inquiétudes» concernant le programme nucléaire iranien. «Le cœur de notre travail est le nucléaire, mais bien sûr rien ne peut être pris isolément. Nous voyons toutes ces annonces qui renforcent les inquiétudes, renforcent l’attention du public concernant le programme nucléaire iranien», a-t-il déclaré lors d’un entretien en marge de la COP27 à Charm el-Cheikh, en Egypte.
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Un missile hypersonique évolue à des vitesses supérieures à 6 000 kilomètres à l’heure, soit cinq fois la vitesse du son. «Ce missile balistique hypersonique peut contrer les boucliers de défense antiaérienne», a déclaré le général Amirali Hajizadeh, le commandant de la Force aérospatiale des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran. «Il pourra traverser tous les systèmes de défense antimissile et je ne pense pas qu’il existera avant des décennies une technologie pour y faire face», a-t-il assuré, cité par l’agence Fars. Selon le général Hajizadeh, «ce missile qui cible les systèmes antimissiles ennemis représente un grand saut de génération» dans ce domaine.
Selon la revue britannique Janes, les missiles hypersoniques posent des défis aux concepteurs de radars en raison de leur vitesse élevée et de leur maniabilité. A l’inverse des missiles balistiques, ils volent à basse altitude dans l’atmosphère et sont manœuvrables, ce qui rend leur trajectoire difficilement prévisible et leur interception difficile.
Avertissement à l’Arabie saoudite
Alors que l’Iran et la Russie, tous deux frappés par des sanctions occidentales, ont opéré un rapprochement ces derniers mois, Téhéran avait reconnu le 5 novembre avoir livré des drones à la Russie, mais avant la guerre en Ukraine. Kiev et les Occidentaux accusent Moscou d’utiliser des drones iraniens pour ses attaques contre civils et infrastructures.
L’Iran, secoué depuis près de deux mois par des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne arrêtée par la police des mœurs, accuse ses «ennemis», en particulier les Etats-Unis, de vouloir déstabiliser le pays. Mercredi, Téhéran a averti les pays de la région, notamment l’Arabie saoudite, qu’il riposterait à toute action de déstabilisation visant la République islamique.
«Je voudrais dire à l’Arabie saoudite que notre destin et celui des autres pays de la région sont liés les uns aux autres en raison de notre voisinage», a déclaré le ministre iranien des Renseignements, Esmaïl Khatib, cité par le site Khamenei IR. «Pour l’Iran, toute instabilité dans les pays de la région est contagieuse, et toute instabilité en Iran peut être contagieuse pour les pays de la région», a-t-il dit.