«Dinah» en référence à la première femme violée, citée dans la Bible et la Torah, qui se venge de son crime. Le projet israélien du même nom, qui rassemble des universitaires et juristes, a publié mardi 8 juillet un rapport dénonçant des crimes sexuels commis par le Hamas depuis le 7 octobre 2023. Un document symboliquement rendu à la première dame d’Israël, Michal Herzog, le jour même. Cette publication s’inscrit dans la volonté première de l’ONG : obtenir justice pour les victimes sexuelles depuis les attaques du Hamas.
La juriste des droits des femmes Ruth Halperin-Kaddari, l’avocate et ancienne procureure de l’armée israélienne Sharon Zagagi-Pinhas, et l’ancienne juge et procureure générale adjointe Nava Ben-Or ont lancé le Projet Dinah. Ce triumvirat estime que la responsabilité de ces actes qui s’inscrivent dans «une action collective» est autant celle des suspects que de leurs complices. Un moyen, selon elles, de poursuivre en justice les membres du Hamas pour «crime contre l’humanité» voire d’«une intention génocidaire». Avant d’engager toute démarche judiciaire, des preuves sont nécessaires.
Plus d’une cinquantaine de preuves
Le mouvement islamiste rejette ces accusations mais ne fournit aucune preuve pour se justifier ; les auteurs du rapport ont cependant compilé des récits de 15 anciens otages, de 17 témoins visuels et auditifs, de 27 de primo-intervenants, d’une rescapée de viol au festival Nova, de témoignages de thérapeutes et d’une collection de photos, vidéos et communications interceptées.
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Ces données font état des nombreux sévices commis sur un tracé morbide allant du festival à des kibboutzim en passant par la route 232 : menace de mariage forcé, nudité imposée, notamment à deux hommes, viols, mutilations génitales, assassinats après ou avant un acte sexuel sans consentement.
De multiples dossiers à l’appui
Une ancienne otage de 31 ans, Ilana Gritzewsky, interrogée par le Projet Dinah, avait pris la parole publiquement : «Je me souviens qu’ils m’ont frappée et que j’ai crié. Ensuite, tout est devenu noir. Quand je me suis réveillée, j’étais à moitié nue.» Ces preuves s’avèrent difficiles à obtenir, à cause entre autres des tabous liés aux viols ou aux traumatismes. Sans parler des violences post-mortem, nécessitant des analyses médico-légales sur des corps parfois méconnaissables car mutilés. Ce qui fait parler Sharon Zagagi-Pinhas, l’une des rapporteuses, de «crimes parfaits».
Ce rapport s’appuie sur de précédentes études sur ces violences sexuelles liées au conflit. En mars 2024, un rapport de l’ONU affirmait posséder des «motifs raisonnables de croire» à «des viols [notamment] en réunion». La commission d’enquête internationale indépendante sur le territoire palestinien occupé, Jérusalem-Est, et en Israël alertait, la même année, «de crimes disproportionnés» suivant «un certain schéma». Le 21 novembre 2024, un mandat d’arrêt de la CPI avait été lancé contre Mohammed Deïf, architecte de l’opération «Déluge d’Al-Aqsa» tué en janvier, pour avoir soumis des femmes otages «à des violences sexuelles et sexistes […] à la pénétration forcée, à la nudité forcée et à des traitements humiliants et dégradants».