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Libération
Catastrophe humanitaire

«Une famine de masse se propage» à Gaza : l’alerte d’une centaine d’ONG

Médecins sans frontières, Médecins du monde, Caritas, Amnesty International, Oxfam International… Les organisations humanitaires s’alarment ce mercredi 23 juillet du péril encouru par les habitants de l’enclave palestinienne.
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 20 juillet 2025. (Ramadan Abed/REUTERS)
publié le 23 juillet 2025 à 9h16
(mis à jour le 23 juillet 2025 à 9h17)

Après l’AFP mardi, c’est au tour des ONG humanitaires de tirer la sonnette d’alarme sur la situation à Gaza. Plus d’une centaine d’entre elles avertissent ce mercredi 23 juillet qu’une «famine de masse» est en train de se propager dans l’enclave palestinienne dévastée par la guerre. Mardi, un hôpital de Gaza avait affirmé que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim en soixante-douze heures dans le territoire assiégé, ravagé par plus de 21 mois de guerre déclenchée par une attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

«Alors qu’une famine de masse se propage dans la bande de Gaza, nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent», alertent les ONG, dont Médecins sans frontières, plusieurs branches de Médecins du monde et Caritas, Amnesty International, ou encore Oxfam International. Elles appellent à un cessez-le-feu immédiat, à l’ouverture de tous les points de passage terrestres et à la libre circulation de l’aide humanitaire.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU accuse également l’armée israélienne d’avoir tué à Gaza plus de 1 000 personnes qui cherchaient à obtenir de l’aide humanitaire depuis fin mai, dont la grande majorité près de centres de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation soutenue par les Etats-Unis et Israël au financement opaque.

Israël accuse de son côté le Hamas d’exploiter la souffrance des civils, notamment en volant la nourriture distribuée pour la revendre à des prix exorbitants ou en tirant sur les personnes qui attendent l’aide. La GHF fait elle aussi porter la responsabilité de la situation humanitaire sur le Hamas.

«Niveau de mort sans équivalent dans l’histoire récente»

L’Etat hébreu fait face à une pression internationale croissante concernant la situation humanitaire dramatique de Gaza. Il a très partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé début mars à l’enclave palestinienne, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité. Les autorités israéliennes affirment régulièrement laisser passer des quantités importantes d’aide, mais les ONG dénoncent de nombreuses restrictions.

«Juste à l’extérieur de Gaza, dans des entrepôts – et même à l’intérieur – des tonnes de nourriture, d’eau potable, de fournitures médicales, de matériel d’hébergement et de carburant restent inutilisées, les organisations humanitaires étant empêchées d’y accéder ou de les livrer», dénoncent les organisations humanitaires.

«Il suffit de regarder l’horreur qui se déroule à Gaza, avec un niveau de mort et de destruction sans équivalent dans l’histoire récente. La malnutrition explose. La famine frappe à toutes les portes», a déclaré mardi le patron de l’ONU, António Guterres.

L’émissaire américain Witkoff attendu en Europe

A Gaza City (nord), le directeur de l’hôpital al-Shifa, Mohammed Abou Salmiya, a annoncé mardi que «21 enfants [étaient] morts de malnutrition ou de faim» en l’espace de soixante-douze heures dans plusieurs hôpitaux, y compris le sien. «A chaque moment, de nouveaux cas arrivent aux hôpitaux.» A l’hôpital Nasser (sud), des images de l’AFP ont montré des parents pleurant sur la dépouille de leur fils de 14 ans, Abdel Jawad al-Ghalban, mort de faim, dont le corps squelettique venait d’être enveloppé dans un sac mortuaire blanc.

Dans ce contexte, l’émissaire américain Steve Witkoff se rend cette semaine pour une destination européenne non dévoilée, selon des responsables américains sous couvert d’anonymat, qui ont précisé qu’il pourrait se rendre ensuite au Moyen-Orient. Selon la porte-parole du département d’Etat, Tammy Bruce, son objectif est de parvenir à «un nouveau cessez-le-feu, ainsi qu’à un corridor humanitaire pour l’acheminement de l’aide».