Kidnappée en 2014 qu’elle était adolescente en Irak, libérée dix ans plus tard avec ses deux enfants dans le nord-est de la Syrie. Kovan, une Yézidie de 24 ans, aura passé une décennie aux mains de l’Etat islamique. Sa libération, ainsi que celles de son fils et de sa fille, a été annoncée mardi par les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes. Elle est intervenue lors d’une opération de sécurisation du camp d’Al-Hol, au Rojava, où sont détenus des membres de familles de l’EI depuis parfois plus de cinq ans.
Originaire du village irakien de Hardan, dans le Sinjar, cœur du territoire de la minorité yézidie, Kovan avait été enlevée en 2014, lorsque les jihadistes de l’Etat islamique avaient déferlé sur la zone, kidnappant femmes et enfants, tuant les hommes, tous jugés impies. Un massacre considéré comme un génocide, selon les Nations unies. Plusieurs milliers d’hommes ont été assassinés avant d’être enterrés dans des fosses communes, tandis que des milliers de femmes et de jeunes filles devenaient esclaves sexuelles des jihadistes, vendues et revendues.
Au rapport
«Ils ont détruit ma vie. J’ai été vendue et achetée comme un mouton», dit Kovan dans une vidéo diffusée par les FDS. Elle ajoute qu’elle a été un temps détenue avec six autres femmes dans une maison appartenant à un homme plus âgé, Abou Jaafar, qui la frappait lorsqu’elle refusait de se soumettre à lui. «Celles qui ont refusé d’être violées ont été tuées.»
Kovan a rejoint le camp d’Al-Hol en 2019, année où l’EI a perdu ses derniers territoires en Syrie. Largement infiltré par les jihadistes, il a compté jusqu’à plus de 70 000 personnes, originaires de plus de 60 pays. Les Irakiens et les Syriens, majoritaires, étaient enfermés dans une zone différente des étrangers, dite «l’annexe». Kovan vivait sous un faux nom avec une famille qui lui avait interdit de dire qu’elle était yézidie. Les forces kurdes ont libéré plusieurs Yézidies au fil d’opérations ces dernières années.