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Aide humanitaire

UNRWA : un comité indépendant créé par l’ONU pour évaluer la «neutralité» de l’agence, avec Catherine Colonna à sa tête

L’ancienne ministre française des Affaires étrangères devra, en collaboration avec trois centres de recherche, inspecter le fonctionnement de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), après les accusations visant plusieurs de ses employés.
Catherine Colonna à Paris, le 19 décembre 2023. (Sarah Meyssonnier/Reuters)
publié le 5 février 2024 à 20h32

Cela fait des jours qu’elle est la cible de vives critiques. L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) verra sa «neutralité» et son fonctionnement évalués par un comité indépendant, dont la création a été annoncée ce lundi 5 février par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Ce groupe d’évaluation sera mené par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, en collaboration avec trois centres de recherche scandinaves (Institut Raoul Wallenberg en Suède, Institut Chr. Michelsen en Norvège, et l’Institut danois pour les droits humains).

L’UNRWA est au centre d’une controverse depuis qu’Israël a accusé 12 de ses 30 000 employés régionaux d’implication dans l’attaque du 7 octobre menée par le groupe islamiste palestinien Hamas, qui a entraîné la mort de 1 140 personnes, majoritairement des civils. En réaction, une douzaine de pays, dont d’importants donateurs comme les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède ont annoncé suspendre leur financement à l’agence, laquelle s’est dite la semaine dernière menacée de devoir cesser ses activités «d’ici fin février».

L’objectif du groupe d’évaluation nommé lundi est de «déterminer si l’Agence fait tout ce qui est en son pouvoir pour assurer sa neutralité et répondre aux accusations de graves abus le cas échéant». Il devra remettre à Antonio Guterres d’ici fin mars un rapport intermédiaire puis d’ici fin avril un rapport final qui devra notamment, si nécessaire, faire des recommandations pour «améliorer et renforcer» les mécanismes en place.

Le secrétaire général «note que ces accusations interviennent à un moment où l’UNRWA, la plus importante organisation de l’ONU dans la région, travaille dans des conditions très difficiles pour aider les deux millions d’habitants de la bande de Gaza qui dépendent d’elle pour survivre au milieu de l’une des pires et plus complexes crises humanitaires du monde». Cette évaluation indépendante aura lieu en parallèle à une enquête interne de l’ONU lancée en janvier après les accusations contre les douze employés de l’UNRWA.

Près de la moitié des revenus gelés

«L’Unrwa joue un rôle essentiel dans la fourniture d’une aide vitale à plus de 1,1 million de personnes à Gaza souffrant d’une famine catastrophique et d’épidémies», a plaidé dimanche le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. «Supprimer le financement de l’agence mettrait en danger des centaines de milliers de vies», a-t-il averti.

Actuellement, selon Borrell, les fonds suspendus s’élèvent à «plus de 440 millions de dollars, soit près de la moitié des revenus attendus de l’agence en 2024, mettant ainsi en péril son existence même».