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Libération
Reportage

«J’ai connu la guerre de 2006, je peux vous dire que celle-ci est bien pire» : de Beyrouth au Sud-Liban, les vies des civils arrachées par la guerre

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Guerre au Proche-Orientdossier
Depuis une semaine, la situation au Liban a pris un tournant inédit. Alors que les civils tentent d’échapper aux bombardements israéliens ces derniers ont déjà fait de nombreuses victimes.
Des déplacés libanais fuyant les bombardements israéliens à Beyrouth le samedi 28 septembre. (Courtney Bonneau/Middle East Images.ABACA)
par Arthur Sarradin, à Beyrouth et dans le Sud-Liban
publié le 29 septembre 2024 à 20h03

Courbé sur une petite moto dont il fait rugir le moteur, Abbas, 27 ans, s’enfonce au sud de Beyrouth. «Il faut que j’aille trouver Charly, ma nièce ne fait que pleurer depuis hier.» Charly, c’est le petit chat noir que sa famille a recueilli dans la rue l’année passée. La veille, le bombardement massif tuant le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, les a contraints à fuir leur appartement. L’immeuble face à eux venait de s’effondrer et dans la précipitation, personne n’a pensé à embarquer Charly. «Des hommes nous ont hurlé d’évacuer, on a pris des sacs à dos et on s’est engouffrés dans la fumée.»

Abbas a déjà prévu des croquettes pour appâter le chat. Il bifurque vers Haret Hreik, traverse les petites ruelles de la Dahiyeh, la banlieue sud. Cette dernière est vide, les stores des magasins baissés ajoutent à la pesanteur du silence. «C’est toute mon enfance qui a l’air brisée», balbutie-t-il. L’air est moite, enveloppé d’une odeur irritante de poussière et de brûlé alors que de la fumée blanche s’échappe encore du QG détruit du Hez