La République islamique commémore, à sa façon, la mort du général Soleimani, l’homme qui commandait les guerres sales du régime dans la région et que les Etats-Unis de Donald Trump ont assassiné le 3 janvier 2020 à Bagdad. La version en persan du site du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a publié mercredi une vidéo d’animation d’un peu moins de deux minutes.
Elle montre une opération d’élimination de l’ex-président américain : un drone terrestre s’infiltre dans ce qui ressemble fortement à la résidence du milliardaire en Floride, pirate les caméras de vidéosurveillance puis les hommes présents, dont Trump, voient s’afficher sur leur téléphone une citation de Khamenei : «Les assassins de Soleimani et ceux qui ont donné les ordres doivent en payer le prix.» L’engin terrestre désigne ensuite au laser la cible (Trump) qui se retrouve dans le viseur d’un drone aérien. On imagine la suite. La vidéo se termine avec une photo de Soleimani et de son fidèle allié en Irak, Abu Mahdi al-Mohandis, également tué dans la frappe du 3 janvier 2020.
Portrait
A en croire la description fournie par le site, la vidéo a été produite par des internautes à partir d’un visuel diffusé l’année dernière par le bureau du Guide suprême. L’affiche, titrée «la Vengeance est inexorable», mettait en scène Donald Trump en train de jouer au golf, survolé par un drone dont la silhouette ombrageait le green. L’imagination des fidèles a fait le reste.
Attaques à la roquette
Cette spectaculaire quoique anecdotique vidéo de propagande n’est que l’un des volets des commémorations en cours. En Irak, les attaques contre les installations ou intérêts américains se sont multipliées ces dernières semaines. Si elles ne sont pas revendiquées, Washington les attribue aux milices pro iraniennes. Jeudi soir, trois roquettes se sont abattues sur la «zone verte» à Bagdad, blessant «une femme, une fillette et un jeune garçon», selon une source militaire irakienne citée par l’AFP.
Le 5 janvier, une base hébergeant les forces de la coalition antiterroriste dans l’ouest du pays avait essuyé des tirs de roquettes, ainsi qu’une emprise dans le nord-est de la Syrie. Une attaque avait été déjouée la veille, selon la coalition, et d’autres, menées au moyen de drones piégés, avaient atteint leur objectif dans les jours précédents sans faire de victime.
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A Téhéran, le pouvoir a marqué le coup en dégainant d’improbables sanctions contre 51 responsables américains de cette administration et de la précédente, accusés d’avoir joué un rôle dans l’assassinat du général Soleimani. Le Guide suprême Ali Khamenei avait profité de son discours à l’occasion de l’anniversaire de l’insurrection de Qom, l’un des moments importants de la révolution de 1979, pour rendre un nouvel hommage au chef de guerre dont il était proche et à son héritage : «Ils pensaient qu’en tuant le martyr Soleimani, ils détruiraient aussi le grand mouvement qu’il incarnait, mais il n’a fait que grandir.»
Le successeur de Soleimani à la tête de la force Al Quds des gardiens de la révolution, s’est chargé des déclarations plus martiales : «Nous préparons le terrain pour nous venger des Américains là où nous le jugerons nécessaire, à l’intérieur de leurs maisons, en utilisant des gens de leur côté, sans même être sur place», a lancé Esmail Qaani, le 6 janvier.