Les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, ont enlevé plus d’une dizaine d’employés d’organisations internationales, notamment des Nations unies, ont annoncé vendredi 7 juin une source diplomatique et une ONG locale.
D’après l’organisation yéménite de défense des droits humains Mayyun, au moins 18 Yéménites – dont dix d’entre eux travaillent pour l’ONU – ont ainsi été enlevés jeudi par des services de sécurité dans quatre régions contrôlées par les insurgés. Les enlèvements se sont produits de manière «simultanée» dans la capitale Sanaa, dans la ville portuaire de Hodeïda, ainsi qu’à Amran et à Saada, bastion traditionnel des rebelles, a-t-elle détaillé. Une source diplomatique, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a confirmé l’enlèvement d’une dizaine d’employés dans différentes agences onusiennes. Ni les Houthis ni l’ONU n’ont fait de commentaires à ce stade.
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Les Houthis «ont attaqué les maisons et kidnappé des membres du personnel des Nations unies et d’autres organisations internationales», a affirmé l’ONG Mayyun. Cette «grave escalade […] constitue une violation des privilèges et de l’immunité du personnel des Nations unies», a-t-elle ajouté, en dénonçant «un chantage visant à obtenir des gains politiques et économiques». «Les actions des Houthis compromettent le travail humanitaire essentiel au Yémen alors que la majorité des Yéménites n’ont pas un accès adéquat aux biens de première nécessité comme la nourriture et l’eau», a aussi réagi Niku Jafarnia, de Human Rights Watch, une ONG internationale qui enquête sur les violations des droits humains.
Enlèvements, détentions et tortures régulières
Depuis le début de la guerre au Yémen, les Houthis – des rebelles de confession zaydite, une branche de l’islam chiite – ont enlevé, détenu arbitrairement et torturé des centaines de civils, y compris des employés de l’ONU et d’ONG. L’année dernière, l’organisation britannique Save the Children avait ainsi suspendu ses opérations pour dix jours dans les zones sous leur contrôle, après la mort d’un de ses employés détenu à Sanaa. Un salarié du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies avait également été tué par des hommes armés dans la province de Taïz, au sud du pays.
Les rebelles houthis se sont emparés de la capitale Sanaa et d’une grande partie du nord du Yémen en 2014, entraînant l’intervention, l’année suivante, d’une coalition menée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis en soutien au gouvernement reconnu par la communauté internationale. Depuis un accord de trêve négocié en avril 2022 sous l’égide de l’ONU, une relative accalmie prévaut dans le pays. Mais la situation demeure néanmoins très précaire, ponctuée par des accès de violence sporadiques. D’autant que les attaques à répétition menées par les Houthis ces derniers mois contre des navires marchands en mer Rouge au large du Yémen, en solidarité avec les Palestiniens soumis aux bombardements israéliens à Gaza, compromettent les efforts de pacification en cours.
Décryptage
Les neuf ans de conflit au Yémen ont fait des centaines de milliers de morts, et plongé le pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, dans l’une des pires crises humanitaires au monde, qui souffre d’une médiatisation insuffisante à l’international.