Menu
Libération
Offensive

Yémen : les Etats-Unis annoncent avoir «détruit» un port pétrolier, 80 morts selon les Houthis

Après les frappes américaines sur le port pétrolier de Ras Issa, visant à priver les rebelles de cette source d’hydrocarbures, le bilan s’élève à des dizaines de morts et de blessés.
Les Etats-Unis ont déclenché jeudi 17 avril des bombardements sur un site pétrolier yéménite contrôlé par les Houthis. (AL-MASIRAH TV/REUTERS)
publié le 18 avril 2025 à 8h32
(mis à jour le 18 avril 2025 à 20h10)

C’est l’attaque la plus meurtrière depuis l’intensification des bombardements américains contre les rebelles houthis au Yémen. Les insurgés soutenus par l’Iran ont affirmé ce vendredi 18 avril que les nouvelles frappes imputées aux Etats-Unis sur le port pétrolier de Ras Issa, un site stratégique sur la mer Rouge, avaient fait au moins 80 morts et 150 blessés. Un précédent bilan faisait état de 38 morts et 102 blessés, «trente-huit ouvriers et employés», selon la chaîne de télévision des Houthis Al-Massirah, qui citait les autorités sanitaires de Hodeidah, ville de l’ouest du pays contrôlée par les rebelles.

«Cinq secouristes et ambulanciers sont morts […] en accomplissant leur devoir», a par ailleurs affirmé le porte-parole du ministère de la Santé des Houthis, Anees Alasbahi, indiquant qu’ils avaient été tués alors qu’une «agression américaine a de nouveau frappé le port pétrolier». L’armée américaine avait annoncé jeudi 17 avril avoir mené des bombardements ayant abouti à la «destruction» de ce port.

«S’en prendre aux sources économiques du pouvoir des Houthis»

Sur des images diffusées ce vendredi matin par la chaîne des rebelles Al-Massira, une boule de feu éclaire la zone où se trouvent des navires, tandis que d’épaisses colonnes de fumée s’élèvent au-dessus de ce qui semble être un incendie. «Les équipes de secours de la défense civile et les ambulanciers déploient tous leurs efforts pour rechercher et extraire les victimes et éteindre l’incendie», a souligné Anees Alasbahi. Des manifestations «contre les frappes américaines et pour les Palestiniens à Gaza» sont prévues vendredi au Yémen par les Houthis.

Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) avait expliqué jeudi que «l’objectif de ces frappes était de s’en prendre aux sources économiques du pouvoir des Houthis». «Les Etats-Unis ont pris [ces] mesures afin d’éliminer cette source d’hydrocarbures pour les terroristes Houthis, soutenus par l’Iran, et les priver du revenu illégal qui a financé les actions des Houthis pour terroriser toute la région depuis plus de dix ans», a ajouté le Centcom. Washington, qui a désigné les Houthis comme organisation terroriste étrangère début mars, accuse ceux-ci de s’approprier les revenus de ce port situé au nord d’Hodeida. «Ces hydrocarbures devraient être fournis de manière légitime aux habitants du Yémen», souligne le Centcom.

L’armée israélienne intercept un missile en provenance du Yémen

Jeudi, Washington a imposé des sanctions contre une banque du Yémen et ses principaux dirigeants, en raison de son soutien jugé «essentiel» aux Houthis. Le groupe rebelle est entré dans le collimateur de Washington en déclenchant, en novembre 2023, des attaques contre des navires empruntant la mer Rouge, perturbant le trafic maritime international. Les Houthis, qui disent agir en solidarité avec les Palestiniens dans le cadre de la guerre menée par Israël à Gaza, ciblent également régulièrement Israël avec des missiles. Ce vendredi matin, l’armée israélienne a une nouvelle fois annoncé avoir intercepté un tel missile en provenance du Yémen.

Les frappes de riposte américaines sur le Yémen ont été accentuées mi-mars par le président américain Donald Trump. Mercredi, les rebelles ont accusé les Etats-Unis d’avoir mené plusieurs frappes aériennes contre la capitale Sanaa, où une personne a été tuée selon eux.

Les attaques en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, ont poussé les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l’aide du Royaume-Uni. Jeudi soir, le ministre français de la Défense Sébastien Lecornu a annoncé la «destruction par une frégate française d’un drone tiré depuis le Yémen». «Nos armées continuent leur engagement pour garantir la libre circulation maritime», a-t-il ajouté sur X.

Mise à jour à 20 h 10 avec l’évolution du bilan.