Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé ce dimanche 31 août l’arrestation d’au moins onze de ses employés à Sanaa et à Hodeida par les Houthis. Les rebelles ont lancé une campagne d’arrestations après la mort de leur «Premier ministre», Ahmed Ghaleb al-Rahawi, et de plusieurs de ses ministres dans une frappe israélienne. Rahawi est le plus haut responsable politique connu des Houthis à avoir été tué dans de tels raids depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas en octobre 2023.
Dimanche, les bureaux du PAM à Sanaa «ont été investis par des forces de sécurité locales», a déclaré l’agence de l’ONU dans un communiqué transmis à l’AFP. L’agence a ajouté qu’elle «cherchait d’urgence à obtenir des informations supplémentaires» auprès des autorités houthies, qui se sont emparées de la capitale Sanaa en 2014 et contrôlent aujourd’hui une grande partie du Yémen. «La détention arbitraire de personnel humanitaire est inacceptable. La sûreté et la sécurité du personnel sont essentielles à la réalisation d’un travail humanitaire vital», a rappelé le PAM dans son communiqué. Samedi, une source de sécurité yéménite a déclaré à l’AFP que les Houthis avaient arrêté à Sanaa, Amran (Nord) et Dhamar (Sud-Ouest) des dizaines de personnes, «soupçonnées de collaboration avec Israël».
«Tragédie déplorable»
L’ONU avait annoncé fin janvier que huit de ses salariés au Yémen avaient été arrêtés par les rebelles houthis, qui détiennent déjà des dizaines d’employés des Nations unies et de plusieurs organisations humanitaires depuis juin 2024. En juin, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exigé «leur libération immédiate et inconditionnelle» et a déploré la «tragédie déplorable» de la mort en détention d’un employé du PAM plus tôt cette année. Les Houthis avaient justifié les arrestations de juin par la découverte d’un «réseau d’espionnage américano-israélien» opérant sous couvert d’organisations humanitaires, des accusations fermement rejetées par l’ONU.
Dix ans de guerre civile ont plongé le Yémen dans l’une des pires crises humanitaires mondiales, selon l’ONU. Morcelé, le pays est profondément divisé.