Ce naufrage est l’un des plus meurtriers survenu ces dernières années après celui qui avait fait 27 morts, le 24 novembre 2021 au large de Calais - une affaire qui n’a pas encore été jugée. Neuf passeurs kurdes et afghans ont été condamnés ce lundi 30 juin à Lille à 7 et 8 ans de prison pour un naufrage de migrants dans la Manche en décembre 2022, qui avait fait huit morts. Trois des prévenus, dont un est jugé par défaut, ont été condamnés à 8 ans et les six autres à 7 ans. Ces peines de prison ont été assorties d’amendes individuelles allant de 50 000 à 100 000 euros et d’une interdiction du territoire français pour chacun.
Les prévenus qui ont comparu du 16 au 20 juin devant la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lille, ont été jugés pour «traite d’êtres humains», «homicide involontaire», mise en danger d’autrui, ou encore aide au séjour irrégulier. Ce lundi, le tribunal a dit les avoir condamnés en tenant compte de la «gravité des faits» et du «caractère particulier» du contexte de ce naufrage, relevant également que tous les prévenus avaient continué leurs activités illégales après ce désastre.
Eau à 10 °C
L’embarcation clandestine surchargée avait pris la mer à Ambleteuse (Pas-de-Calais) dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, en dépit d’une mer très agitée et glaciale et des craintes de passagers qui ont entendu une détonation synonyme de crevaison en la gonflant.
Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l’eau à entrer dans l’embarcation. Paniqués, les passagers ont fait ployer le fond du canot et tous se sont retrouvés à l’eau, certains sans gilet de sauvetage, dans une mer à 10 °C. Quatre ont été portés disparus, et quatre sont morts, dont un seul a été identifié, un Afghan. En outre, 39 personnes originaires d’Afghanistan, Inde ou Albanie avaient été repêchées in extremis par les secours français et anglais.
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A la barre pendant la comparution du 16 au 20 juin, un des prévenus avait reconnu avoir convoyé, sous la menace selon lui, des migrants depuis le camp de Loon-Plage près de Dunkerque. Un autre est mis en cause pour avoir apporté le moteur du bateau.
Deux frères afghans sont soupçonnés d’avoir été les financiers occultes de cette organisation. La procureure avait pointé le «trafic extrêmement lucratif» d’une «organisation criminelle», avec un paiement moyen de 3 500 euros par passager. Et la magistrate avait relevé les conditions à haut risque pour un bateau «complètement inadapté à la navigation en haute mer».