Deux nouveaux drames au large des côtes françaises. Dans la nuit du jeudi 14 à ce vendredi 15 décembre, puis dans la matinée de vendredi, un migrant est mort et deux autres ont été gravement blessés, lors de deux tentatives distinctes de traversées de la Manche vers l’Angleterre à bord d’embarcations de fortune. Ces naufrages surviennent le jour même où le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est attendu à Calais, en pleines discussions sur le projet de loi immigration.

Le premier naufrage s’est déroulé au large de Gravelines, dans le Nord. «66 naufragés, dont une personne décédée», ont été retrouvés, a déclaré la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Selon l’instance, il s’agit du neuvième mort en mer dans la zone «en lien avec le phénomène migratoire» depuis le début de l’année. «Potentiellement» deux autres personnes sont «disparues», tandis que les recherches se poursuivent par l’air et par les flots. Une autre victime de ce sinistre, évacuée par hélicoptère vers l’hôpital de Calais, est «en état d’urgence relative», d’après une source proche du dossier.

Au milieu de la nuit, le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) avait reçu le signalement d’«une embarcation de migrants» en difficulté «à moins de huit kilomètres des côtes au large de Grand Fort», près de Gravelines. Le centre a alors mis à l’eau un navire de sauvetage pour secourir les naufragés. Arrivé dans la zone «à 00 h 30», l’équipage du CROSS a fait état d’un boudin protecteur de l’embarcation «dégonflé» et de personnes «à l’eau». Secourus, les naufragés ont été «débarqués et pris en charge au port de Calais».

Un deuxième migrant est mort ce vendredi, dans une autre tentative de traversée, au large de Sangatte, dans le Pas-de-Calais. Aux alentours de 7 heures, «un groupe de 70 migrants est parti en mer avec un ‘’small boat’', mais l’embarcation est revenue sur la plage», pour une raison qui reste à déterminer. L’homme a été retrouvé inanimé sur une plage dans la matinée, avant d’être déclaré mort peu après, ont fait savoir le parquet de Boulogne-sur-Mer et une source policière.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, fragilisé par le rejet cette semaine de son projet de loi sur l’immigration par l’Assemblée nationale, est justement attendu à Calais ce vendredi matin pour rencontrer des policiers et des gendarmes engagés dans la lutte contre l’immigration irrégulière. «Son action n’aura fait qu’augmenter les risques, la détresse et les morts», a déploré sur X (anciennement Twitter) l’association d’aide aux migrants Utopia 56.

A Calais ou encore à Dunkerque, depuis les années 1990 et après la fermeture en 2002 d’un centre de la Croix-Rouge à Sangatte, dans le Pas-de-Calais, des centaines d’exilés s’entassent dans des camps tristement célèbres où tentes et abris de fortune pullulent. Cachés dans des camions ou agglutinés dans des bateaux, ils tentent bien souvent de rallier l’Angleterre au péril de leur vie.

Les deux derniers décès de migrants dans la Manche remontent au 22 novembre, quand un homme et une femme d’une trentaine d’années sont morts dans le naufrage de leur embarcation.

Depuis le début de l’année, quelque 29 000 migrants ont tenté la traversée de la Manche sur des canots de fortune en direction des côtes anglaises, a annoncé la préfecture du Nord le 4 décembre. L’an dernier à la même date, ils étaient 44 000.

Mise à jour : à 16 h 50, avec l’ajout de la mort d’un deuxième migrant, après une tentative de traversée de la Manche au large de Sangatte.