Universitaire, juriste et politologue avant de devenir diplomate, Nawaf Salam a été pendant dix ans ambassadeur, représentant permanent du Liban à l’ONU, puis juge à la Cour internationale de justice de La Haye depuis 2018. Il vient de publier le Liban d’hier à demain (1).
L’impasse totale dans laquelle se trouve le Liban aujourd’hui est-elle due au système communautaire ?
Le Liban traverse certainement une des étapes les plus difficiles de son histoire contemporaine. La crise économique et financière trouve ses racines dans un système politique dominé par les communautés religieuses où le sens de la chose publique, la res publica, est quasi inexistant. Les chefs politiques tiennent à la pérennité d’un système confessionnel qui leur assure leur pouvoir et le clientélisme par lequel ils s’imposent. Avec la crise actuelle, le danger est que l’appauvrissement de la population serve ce clientélisme puisque beaucoup de gens se trouvent dans la situation de devoir s’adresser aux chefs de leurs communautés respectives pour assurer la prise en charge de leurs besoins essentiels.
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La majorité des Libanais continue donc à tirer profit du système ?
Pas vraiment. Deux logiques se côtoient aujourd’hui. La première, communautaire, domine depuis la formation du Liban en 1920 et a été renforcée depuis la guerre c