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Terrorisme

Nice, Magdebourg, Toronto… Avant La Nouvelle-Orléans, des attaques à la voiture-bélier qui se multiplient à travers le monde

Le recours à un véhicule pour perpétrer un attentat, comme celui qui a ensanglanté La Nouvelle-Orléans ce mercredi 1er janvier, est de plus en plus courant.
Hommage aux victimes de l'attentat de Nice, le 16 juillet 2016, deux jours après les faits. (Giuseppe Cacace/AFP)
publié le 1er janvier 2025 à 22h32

La nouvelle a rappelé «de façon très douloureuse ce que nous avons vécu le 14 juillet 2016 à Nice.» L’attaque à la voiture-bélier qui a endeuillé La Nouvelle-Orléans, a remué jusqu’au maire de Nice Christian Estrosi, qui ne se souvient que trop bien du traumatisme de l’attentat perpétré sur la promenade des Anglais, le 14 juillet 2016. Un mode opératoire qui ne s’est pas restreint aux deux villes jumelles, puisque de nombreuses foules ont été confrontées à des terroristes derrière un volant. Au point que l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures des Etats-Unis considère les attaques de véhicules comme «une menace importante aux Etats-Unis». En Chine, en Allemagne ou au Royaume-Uni, retour sur ces attentats particulièrement violents à travers le monde.

Magdebourg, le 20 décembre 2024

Le mois dernier en Allemagne, Taleb Jawad Al Abdulmohsen, 50 ans, a foncé dans la foule du marché de Noël de Magdebourg, au nord-est du pays. Cinq personnes meurent sous les roues de son véhicule, et de nombreuses autres sont blessées. Inculpé pour meurtres et tentatives de meurtres, le suspect, un psychiatre originaire d’Arabie Saoudite, habitait dans le pays depuis près de deux décennies. «Le crime pourrait avoir comme arrière-plan un mécontentement à l’égard de la manière dont les réfugiés d’Arabie saoudite sont traités en Allemagne.» Il avait en effet quitté ce pays, affirmant y être menacé de mort pour apostasie de l’islam, et multipliait depuis des années les sorties anti-immigration musulmane et les déclarations sympathisantes à l’égard de l’extrême droite allemande.

Zhuhai, le 11 novembre 2024

En novembre, Fan Weiqiu, 62 ans, foncé dans une foule dans un centre sportif de la ville de Zhuhai, dans le sud de la Chine, tuant 35 personnes et en blessant gravement 43, dans l’une des attaques les plus meurtrières de l’histoire contemporaine de la Chine. La police a indiqué que le conducteur avait été capturé et hospitalisé pour des blessures qu’il se serait infligées lui-même avec un couteau au cou et à d’autres parties de son corps. Les premiers éléments de l’enquête laissent penser que le sexagénaire aurait agi sous le coup de la colère par le partage des biens dans le cadre du règlement de son divorce. Le 27 décembre, le tribunal de Zhuhai l’a condamné à mort après un procès expéditif.

Londres (Canada) juin 2021

En juin 2021, le nationaliste blanc canadien Nathaniel Veltman a écrasé et tué quatre membres d’une famille pakistanaise avec son pick-up à Londres, en Ontario, une ville canadienne située à environ 190 km de Toronto. En novembre 2023, le tueur, âgé de 22 ans, a été reconnu coupable de meurtre au premier degré et a écopé de cinq peines de prison à perpétuité, un verdict prononcé en janvier 2024. Le juge a qualifié l’acte de terrorisme nationaliste blanc.

Toronto, avril 2018

En 2018, Alex Minassian fonce au volant d’une camionnette qu’il vient de louer, en plein centre-ville de Toronto. Son acte, tuant onze personnes et en a blessé quinze autres, a été inspiré par la mouvance incel, comme il le confiera aux enquêteurs. Un mouvement masculiniste vouant une haine féroce aux femmes, ses membres jugeant que ces dernières sont responsables de leur situation affective. Les victimes de l’attaque étaient âgées de 22 à 94 ans. Aux enquêteurs qui lui demanderont s’il se rendait compte du mal qu’il avait fait, il répondra : «J’ai accompli ma mission.» Il sera condamné à la prison à vie.

New York, octobre 2017

Au volant de sa camionnette, Sayfullo Saipov fauche huit vies, en octobre 2017 à New York. Originaire d’Ouzbékistan, cet homme de 29 ans, qui habite dans le New Jersey, où la camionnette avait été louée, «planifiait ceci depuis plusieurs semaines, indiquent les enquêteurs. Il l’a fait au nom de l’EI et parmi les objets découverts sur les lieux se trouvait un message» manuscrit en arabe, citant Daech. Saipov était arrivé aux Etats-Unis en 2010 après avoir obtenu une carte verte depuis Tachkent, la capitale de l’Ouzbékistan. S’installant d’abord dans l’Ohio, puis en Floride avant d’atterrir au New Jersey, Sayfullo Saipov était le «modèle du loup solitaire», radicalisé en ligne. Il a été condamné en mai 2023 à huit peines de prison à perpétuité.

Barcelone, août 2017

C’est en août 2017 que Younès Abouyaaqoub, 22 ans à l’époque des faits, sème la mort en lançant sa fourgonnette sur la foule qui se promène sur les Ramblas, la célèbre artère touristique barcelonaise. Treize personnes succomberont à l’attaque, revendiquée par Daech, alors que le conducteur prend la fuite, tuant un homme à coups de couteau avant de s’enfuir. Quatre jours plus tard, le jeune homme, qui appartenait à une cellule djihadiste, sera abattu par la Guardia civil au sud de Barcelone.

Londres, mars 2017

En mars 2017, Khalid Masood, né Adrian Elms, ensanglante le pont de Westminster à bord de sa voiture, tuant cinq personnes et en blessant plusieurs autres. Une attaque revendiquée par Daesh. Cet homme de 52 ans au casier judiciaire chargé, né dans le Kent, n’était pas connu pour sa radicalisation. Il présente d’ailleurs un profil inhabituel, jugeront les observateurs, se radicalisant après l’âge de 30 ans. Il a été abattu par la police après avoir tenté de s’échapper.

Berlin, décembre 2016

C’est au bout d’un long séjour en Europe qu’Anis Amri, arrivé sur à Lampedusa en 2011, fait rouler son camion sur la foule du marché de Noël de Berlin. L’attentat tuera douze personnes et en blessera 48 autres. Passé par plusieurs villes d’Italie et d’Allemagne, épaississant peu à peu son casier judiciaire malgré ses sept identités, il déposera une demande d’asile en avril 2016 à Berlin. Sa fréquentation des cercles islamistes radicaux le fera apparaître dans les radars des renseignements allemands. Après l’attentat et une cavale de trois jours, Amri est abattu à Milan par la police italienne.

Nice, le 14 juillet 2016

Le 14 juillet sur la célèbre promenade des Anglais, Mohamed Lahouaiej Bouhlel fonce sur la foule venue assister au feu d’artifice. 84 personnes mourront, 256 autres seront blessées. Lahouaiej Bouhlel, 31 ans, arrivé de Tunisie neuf ans plus tôt, était connu de la police pour des faits de violences : bagarres, menaces de morts et violences conjugales. Non-pratiquant, il se convertit rapidement peu de temps avant l’attentat, et commence à regarder des vidéos d’exécution de Daech, qui revendiquera l’attentat. Le terroriste sera tué par la police au volant de son camion.