L’annuaire du service public avait vu juste… En novembre 2022, Libération y grenouillait pour vérifier quelques lignes fixes de la haute administration, et avait eu la surprise d’obtenir la réponse suivante pour Nicolas Lerner : «directeur général de la sécurité intérieure (DGSI) et directeur général de la sécurité extérieure (DGSE)». Averti du bug par Libé, l’actuel chef des services secrets intérieurs avait rétorqué, amusé, «aucun projet de cet ordre en perspective. Je veux bien la capture d’écran pour l’histoire…» A peine plus d’un an plus tard, le voilà à la tête de la DGSE, ce qui consacre les talents divinatoires de ce bon vieil annuaire que plus grand monde ne doit consulter.
A 45 ans, Nicolas Lerner rejoint donc les cousins du boulevard Mortier, sentier relativement peu exploré par des préfets – il ne sera que le quatrième –, le poste étant traditionnellement fléché vers des militaires ou des ambassadeurs. Le précédent, Erard Corbin de Mangoux, avait été nommé en 2008 par Nicolas Sarkozy, jeune président de la République méfiant à l’égard de ces corps qu’il ne connaissait guère. Ce statut ne serait toutefois pas un handicap aux yeux d’un ancien du renseignement extérieur : «Les préfets sont de meilleurs managers que les ambassadeurs», certifie-t-il, ce qui atténue quelque peu le gap culturel.
«Changement de génération, de style et d’orientation»
Entériné ce mercredi en Conseil des ministres, le profil de Lerner colle avec le désir d’Emmanuel Macron d’ouvrir et de «démocratiser» l’action