Un bébé de quelques mois attrapé par un bras et hissé par un soldat américain au-dessus des barbelés du mur d’enceinte de l’aéroport de Kaboul. L’image restera comme une illustration aussi hallucinante que désespérante du chaos déclenché par le retrait des forces américaines d’Afghanistan, en août 2021, après vingt ans de guerre. Elle figure dans le documentaire Opération Apagan, exfiltrer Kaboul de Bernard George, aux côtés d’autres, inédites, dont certaines tournées par le service de communication de l’armée. Le film retrace précisément, jour par jour, heure par heure parfois, comment la France a évacué 2 805 personnes, en très grande majorité des Afghans, entre le 15 et le 26 août 2021.
Le 15 août, les premiers pick-up talibans entrent dans Kaboul. Ils ne rencontrent aucune résistance, les policiers afghans enlèvent leurs uniformes et abandonnent leur poste. Cette débâcle n’est pas, pour la France, une surprise. Depuis plus d’un an, l’ambassadeur à Kaboul, David Martinon, assure que le scénario le plus probable sera une «victoire complète et rapide» des talibans dès que les forces étrangères se seront retirées. Une analyse juste mais rare, à l’épo