La province de Saint Elizabeth, cœur agricole de la Jamaïque, dans le sud-ouest de l’île des Caraïbes, fait partie des régions les plus touchées par l’ouragan. A la station-service de Santa Cruz, ville principale, une interminable file de véhicules patiente : c’est le seul endroit où l’on peut encore trouver du carburant. Les habitants sont complètement isolés, sans réseau téléphonique, et la plupart n’ont pas encore pu appeler leurs proches pour les rassurer.
Plus loin, le pittoresque et touristique Holland Bamboo, un tronçon de 4 kilomètres ombragé de Bambusa vulgaris, la plus grande espèce de bambou de Jamaïque, est méconnaissable. En temps normal, Kingstoniens et visiteurs s’y arrêtent pour déguster une noix de coco, acheter des fruits aux nombreux marchands installés au bord de la route et pour prendre quelques photos. Désormais, plus aucun commerçant n’est présent dans ce tunnel vert devenu grisâtre, et la route est à ciel ouvert.
Quelques kilomètres plus loin, une route s’est transformée en rivière. Des enfants à vélo dépassent des automobilistes plus ou moins prudents. Les passagers filment la scène par les fenêtres, incrédules. Les véhicule