L’invasion russe en Ukraine provoque une envolée des cours du pétrole, et certains en profitent. L’Iran, qui dispose des troisièmes réserves d’or noir au monde, occupait en 2020 la cinquième position comme producteur au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Une place de premier plan dont la République islamique compte bien tirer avantage. En effet, sur ce fond de flambée des cours, le pays se dit prêt à augmenter sa production de brut… dès la levée des sanctions américaines qui pèsent sur son marché des hydrocarbures.
«La République islamique d’Iran est prête à accroître sa production et ses exportations au niveau d’avant novembre 2018», affirme le ministre du Pétrole Javad Owji. Faisant ainsi allusion à la date du 5 novembre 2018, lorsque les Etats-Unis ont rétabli des sanctions très sévères contre le secteur pétrolier iranien. Une décision liée à leur retrait unilatéral de l’accord international de 2015, visant à limiter le programme nucléaire iranien et dont le Président Donald Trump dénonçait l’hypocrisie. Un traité rendu quasiment caduc donc par l’absence des Etats-Unis, mais remis récemment à l’ordre du jour.
Des négociateurs ont en effet fait état d’avancées dans les pourparlers, qui se déroulent depuis plusieurs mois à Vienne, visant à sauver cette entente entre l’Iran, les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l’Allemagne. Les Etats-Unis ont estimé jeudi qu’un «possible accord» sur le nucléaire iranien était «proche» mais pas encore acquis car des questions coincent toujours alors que les jours sont comptés pour obtenir une percée. Les négociateurs ont accompli des «progrès significatifs», a dit une porte-parole de la diplomatie américaine, Jalina Porter, à des journalistes. «Nous sommes proches d’un possible accord», a-t-elle ajouté, tout en relevant qu’«un certain nombre de questions difficiles restent sans solution».
Capacité d’exportation maximale
Dans ce contexte de fin de négociations, l’annonce iranienne sur le pétrole apparaît comme une ultime carte tirée de la manche. «Je promets d’atteindre la capacité d’exportation de pétrole la plus élevée d’ici un à deux mois dès que le feu vert de Vienne sera donné», assure Javad Owji. «L’Iran est techniquement et opérationnellement en mesure de stabiliser sa part des exportations sur le marché mondial après la levée des sanctions», a-t-il ajouté. Le ministre estimait début février la capacité de son pays d’exporter 2,5 millions de barils par jour de pétrole, et de produire environ 4 millions de barils par jour.
Les propos du ministre interviennent alors que les riches monarchies pétrolières du Golfe refusent de céder aux pressions de l’Occident pour augmenter leur production de brut, privilégiant leurs propres intérêts stratégiques et économiques. Le conflit russo-ukrainien survient au moment où les prix du pétrole étaient déjà en train de grimper fortement en raison de l’insuffisance de l’offre et d’une forte reprise de la demande dans le monde provoquée par la levée, dans de nombreux pays, des restrictions sanitaires imposées pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Le prix du baril de pétrole de WTI américain a dépassé jeudi les 115 dollars, record absolu depuis 2008, au moment où la guerre en Ukraine et les sanctions contre Moscou alimentent les craintes quant à l’approvisionnement mondial en or noir.