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Justice

Pilote jordanien brûlé vif en 2015 : un jihadiste condamné à perpétuité en Suède

Le tribunal de Stockholm a rendu son verdict ce jeudi 31 juillet contre Osama Krayem, déjà condamné pour les attentats de Paris et Bruxelles, accusé d’avoir participé à l’exécution du pilote jordanien brûlé vif dans une cage en Syrie, dix ans plus tôt.
Au tribunal de Stockholm, le 15 octobre 2024. (Jonathan Klein/AFP)
publié le 31 juillet 2025 à 11h12

Le 24 décembre 2014, un pilote jordanien en mission contre l’Etat islamique (EI) dans le nord-est de la Syrie s’écrase en territoire contrôlé par des jihadistes. Maaz al-Kassasbeh, 26 ans, parvient à s’éjecter de son appareil, mais il est immédiatement capturé par l’EI. D’importants efforts pour obtenir sa libération sont engagés, en vain : son assassinat, filmé, est diffusé le 3 février 2015 sous la forme d’une vidéo de vingt-deux minutes. Le visage tuméfié, le jeune homme est vêtu d’un uniforme orange et placé dans une cage métallique, puis brûlé vif. La cage est incendiée par l’un des 13 combattants présents sur place, parmi lesquels se trouve le jihadiste suédois Osama Krayem. Il vient d’être condamné ce jeudi 31 juillet à perpétuité par la justice suédoise pour sa participation à cet acte barbare.

«L’accusé se trouvait sur le lieu de l’exécution, en uniforme, armé, et il a accepté d’être filmé […]. Il a contribué de manière si déterminante à la mort de la victime qu’il doit être considéré comme coauteur des faits», a déclaré la juge Anna Liljenberg Gullesjö, citée dans un communiqué du tribunal de Stockholm.

Ni empathie ni regret

Il s’agit d’un verdict inédit. Le tribunal de Stockholm est le premier, et le seul, à juger une personne pour cet assassinat qui avait choqué le monde entier en 2015. Dans le procès qui s’est tenu du 4 et 26 juin, la perpétuité a été requise contre Osama Krayem jugé pour acte de terrorisme et crime de guerre aggravé. Le jihadiste de 32 ans a gardé le silence pendant toute la durée des audiences. Une sélection d’interrogatoires filmés et écrits versés au dossier d’instruction a été lue et diffusée pendant le procès.

Selon son avocate, Osama Krayem a admis avoir été présent sur les lieux mais a dit ignorer ce qui allait s’y passer avant d’apercevoir les caméras. L’avocat du frère du pilote, constitué partie civile, a déploré que le jihadiste n’ait montré ni empathie ni regret devant la cour. «La plupart des personnes qui auraient été témoins de ce que Maaz a subi auraient sans doute besoin d’un traitement à vie, ou du moins long, pour surmonter le traumatisme que cela provoque chez un individu normalement constitué», avait plaidé Me Mikael Westerlund.

«Inspiré à poursuivre son entreprise terroriste»

Le frère du pilote s’était déplacé depuis la Jordanie à l’occasion de ce procès pour y témoigner de la douleur, encore vive, qu’il partage avec ses proches. «Krayem, lui, ne semble pas avoir été traumatisé, mais inspiré. Inspiré à poursuivre son entreprise terroriste, ce qui l’a conduit à participer puis à être condamné pour des actes terroristes en Europe», avait ajouté Mikael Westerlund.

Osama Krayem, originaire de Malmö, dans le sud de la Suède, a rejoint l’EI en Syrie en 2014, avant de revenir en Europe en septembre de l’année suivante. Il a été arrêté en Belgique en avril 2016. En juin 2022, il a été condamné à trente ans de prison en France pour complicité des attentats de Paris et Saint-Denis du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts. L’année suivante, il a été condamné à la prison à perpétuité en Belgique pour sa participation aux attentats du 22 mars 2016 dans le principal aéroport de Bruxelles et le métro, qui avaient fait 32 morts.

La France a accepté le 12 mars de le remettre pour neuf mois à la Suède, le temps de l’enquête et du jugement pour l’assassinat du pilote jordanien. Il sera ensuite renvoyé en France pour purger sa peine.