Dans le petit appartement médiocre d’un immeuble vétuste de l’un des quartiers les plus pauvres du Caire, Rana parle malgré tout de sa chance de n’être plus à Gaza pour donner naissance à son premier enfant. Elle attend, patiente et souriante, un déclenchement qui peut survenir à tout moment. «Quand je pense à ce qui aurait pu arriver si nous étions restés chez nous à Beit Lahia [dans le nord de Gaza] où les hôpitaux sont dévastés alors que je risque d’avoir besoin d’une césarienne», dit la jeune femme. Sa grossesse qui s’annonçait problématique avait poussé Mahmoud, son mari avocat et militant des droits humains, à demander une sortie de l’enclave pour raison médicale dès l’été dernier. Le couple a été rejoint il y a trois semaines par la mère, la sœur et le neveu de 18 mois de Mahmoud, blessés dans un bombardement et transférés grâce à une ONG humanitaire italienne. Encore un coup de chance pour la famille prise en charge et évacuée de Gaza par l’un des pays étrangers qui sélectionnent quelques cas pour les faire soigner en Egypte. «Mais cela concerne un tout petit nombre et souvent pour des enfants en bas âge, souligne l’avocat. Pour des milliers d’autres, blessés, malades ou pas, il faut payer très cher pour sortir aujourd’hui de Gaza.»
La conversation dévie aussitôt sur le sujet principal dont parlent les Gazaouis présents en Egypte :