Médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie, Rony Brauman est la figure incontournable de MSF, dont il a été président de 1982 à 1994 et membre de Crash, le centre de réflexion de l’ONG. Auteur de nombreux ouvrages (dernier en date Guerre humanitaires ? Mensonges et intox, Textuel, 2018), il enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute.
Qu’a vraiment apporté MSF à l’action humanitaire depuis un demi-siècle ?
La grande idée est d’avoir créé une association de professionnels de santé destinés à travailler dans un milieu inhabituel : les situations de crise, de guerre, de pauvreté. Il y avait bien sûr la Croix-Rouge, mais c’était une organisation généraliste. La spécialisation médicale a été introduite par les fondateurs de MSF. Ils ont d’ailleurs inventé la médecine humanitaire presque à leur insu, alors qu’ils pensaient avoir inventé le témoignage humanitaire, lors de la guerre du Biafra. Dans les années 70, les médecins n’étaient pas considérés comme utiles dans le «tiers-monde» d’alors. Le développement était censé venir à bout de l’immense majorité des pathologies en améliorant le cadre de vie, la fourniture d’eau, la construction des puits. Mais pas du tout par des soins, vus à l’époque comme un avatar colonial.
Comment s’est ensuite articulé le développement de MSF ?
A la fin des années 70, nous nous sommes investis sur les terrains de conflits et dans leurs pourtours, c’est-à-dire dans les camps de réfugiés, là où il fallait tout